La Terrasse

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Jean Lambert-wild

Jean Lambert-wild - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 octobre 2008

Connaître et s’y reconnaître

Poursuivant sa route commencée depuis presque deux ans à la tête de la Comédie de Caen, Jean-Lambert-wild y présente en mai une élégie qu’accompagne la musique de Jean-Luc Therminarias.

Quel premier bilan après votre arrivée à la tête de la Comédie de Caen ?
Jean Lambert-wild : Nous avons eu cette année plus d’abonnés que prévu, plus de public, et un public élargi. Le taux de remplissage a été important sur les séries. Nous entamons un travail d’élargissement qui va demander des années afin de faire en sorte que le public devienne coopérateur de notre projet. Plein de signes nous sont déjà envoyés qui attestent qu’une relation ouverte s’est déjà installée. Mais pour qu’une relation s’installe dans la durée, c’est la connaissance plus que la confiance qu’il faut développer : si on ne connaît pas le lieu qui est à côté de chez soi, on n’y va pas. Connaître, s’y reconnaitre : c’est ça qui est important.
 
Quels sont vos projets à venir pour la Comédie de Caen ?
J. L.-w. : Essayer de fonder un centre de création et de production européen tourné sur les pays nordiques. Toutes les conditions sont remplies : le volume de l’équipe, la relation privilégiée entre la Région Basse-Normandie et les pays du Nord, le festival Les Boréales, la présence d’un département de littérature nordique à l’Université de Caen et le fait que pour ma part je tourne souvent dans les pays nordiques : tout cela tombe sous le sens et permettrait un bel avenir à cette maison encore très fragile. La saison suivante devrait le confirmer.
 
 « Le théâtre est un isolant temporel. »
 
Vous reprenez cette année Crise de nerf – Parlez-moi d’amour. Qu’en est-il de ce spectacle ?
J. L.-w. : Je ne peux dire que ce que ça produit mais pas ce que ça dit. Le spectacle tient en grande partie à la puissance d’interprétation des actrices. Laure Wolf et Bénédicte Debilly sont irremplaçables car l’expérience vécue de ce spectacle a été construite avec elles. . Au théâtre, on apprend le nom de celui qui se meut en nous. Il va nous falloir admettre de vivre avec ce nouvellement nommé : la puissance du rituel est là. Sans cela, les choses demeurent en surface. Ce spectacle est une confession ; je ne dirais même pas qu’il s’agit d’un théâtre de l’intime mais du sub-intime. Par la galerie des mots, on avance jusqu’à la chambre où on retrouve celui qu’on a à nommer et à admettre.
 
A quelle conception du théâtre renvoie ce spectacle ?
J. L.-w. : Je considère que le théâtre est un isolant temporel, une paroi de protection, un moment où on peut s’exclure du temps du monde, du temps contraint. Peu de gens peuvent vivre dans le temps de leur désir. Au théâtre, d’un coup, dans un jeu de regards, on crée un isolant temporel ; on peut même s’exclure de l’idée de temps. C’est ça la force de la poésie. Il s’agit là d’une expérience très particulière qu’on ne peut pas réduire à une simple fable.
 
Propos recueillis par Catherine Robert


 
Crise de nerfs – Parlez-moi d’amour ; spectacle de Jean Lambert-wild et Jean-Luc Therminarias. Du 13 au 30 mai 2009, à 20h30 sauf les mercredis et jeudis à 19h30. Théâtre d’Hérouville.

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