Jean-Jacques Aillagon et Laurent Brunner
©Crédit : photo Jean-Jacques Aillagon : Christian Milet
photo Laurent Brunner : Faustine Cornette de Saint Cyr
Crédit : photo Jean-Jacques Aillagon : Christian Milet
photo Laurent Brunner : Faustine Cornette de Saint Cyr
Publié le 10 février 2011
Ouverture artistique et patrimoine
Depuis 2007, Jean-Jacques Aillagon, ancien Ministre de la culture, est le président de l’établissement public du Château de Versailles. Laurent Brunner occupe quant à lui le poste de directeur de « Versailles spectacles ».
« Je ne veux pas que Versailles soit le tabernacle des esthétiques passées. » Jean-Jacques Aillagon
« Versailles est une référence architecturale, et la même excellence doit se retrouver au niveau artistique. » Laurent Brunner
Quelle place occupe « Versailles spectacles » au sein de l’établissement public du Château de Versailles ?
Jean-Jacques Aillagon : « Versailles spectacles » est une filiale à 100 % de l’établissement public du Château de Versailles. Le Château a ainsi choisi de déléguer la responsabilité de la mise en œuvre des Grandes eaux musicales, l’animation dans les jardins, les expositions d’art contemporain et, depuis la fin des travaux de rénovation, la programmation de spectacles dans l’Opéra Royal, sans oublier les manifestations dans la Chapelle royale ou la galerie des Glaces.
Comment définiriez-vous la programmation de « Versailles spectacles » ?
J.-J. A. : La programmation se réfère à la tradition musicale du château de Versailles, c’est-à-dire qu’elle met à l’honneur le répertoire des XVIIème et XVIIIème siècles. Mais elle est aussi orientée vers d’autres styles, car même s’il a été voulu par une élite, le Château de Versailles est un lieu populaire, où l’on propose la culture la plus large.
Laurent Brunner : Le baroque a effectivement toute sa place dans un tel lieu, sans pour autant laisser de côté des styles plus contemporains. Preuve de cet éclectisme : le violoniste David Grimal joue, aux côtés des Quatre saisons de Vivaldi, celles de Piazzolla. Mais surtout, il est essentiel de faire venir à Versailles les meilleurs interprètes. C’est un lieu de référence architectural, et la même excellence doit se retrouver au niveau artistique.
Que répondez-vous à ceux qui critiquent votre ouverture à la culture contemporaine (arts plastiques, musique…) dans un lieu de patrimoine ?
J.-J. A. : Je ne veux pas que Versailles soit le tabernacle des esthétiques passées. C’est un lieu qui doit être ouvert aux créateurs d’aujourd’hui. Leur présence revivifie le passé. Quand Camille a chanté dans la Chapelle royale, c’était très émouvant. En fait, les polémiques sont surtout révélatrices de préjugés. Je cherche à être fidèle non pas à la lettre mais à l’esprit de Versailles, c’est-à-dire aux valeurs d’ouverture, de fête et de création. Et cela fonctionne : lors de la récente exposition consacrée à Murakami, la fréquentation a été accrue.
Quels sont les liens entre « Versailles spectacles » et le Centre de musique baroque de Versailles (CMBV) ?
J.-J. A. : C’est une relation confraternelle. Le CMBV a notamment pour mission d’ouvrir la saison du Château lors des Grandes journées. Mais je souhaiterais néanmoins qu’il y ait une plus grande proximité entre les deux structures. L’idée serait d’arriver à présenter une seule et même saison. Je trouve par exemple regrettable que les spectateurs ne puissent pas appeler le même numéro de téléphone pour réserver des concerts. Il faut unifier la production et la promotion.
Pouvez-vous nous présenter votre projet de cet été intitulé « Venise Vivaldi Versailles » ?
L. B. : Il s’agit d’un partenariat avec le label Naïve, qui s’est lancé dans une intégrale des œuvres de Vivaldi. L’idée est de montrer le lien entre Venise, la ville de Vivaldi, et Versailles. Il faut savoir que les Rois de France avaient une collection exceptionnelle de peintures vénitiennes ou encore que la galerie des Glaces a été réalisée par des miroitiers vénitiens. Il y avait à cette époque une fascination incroyable pour cette ville. Dans le cadre de cet événement, nous accueillerons notamment Cecilia Bartoli, qui chantera pour la première fois aux côtés de l’Ensemble Matheus de Jean-Christophe Spinosi, notre grand spécialiste de Vivaldi.
Propos recueillis par Antoine Pecqueur