Corinne et Gilles Benizio
©Crédit : Nicole Bergé
Légende : « Un Roi Arthur très fantaisiste mis en scène par Corinne et Gilles Benizio à l’Opéra royal de Versailles. »
Crédit : Nicole Bergé
Légende : « Un Roi Arthur très fantaisiste mis en scène par Corinne et Gilles Benizio à l’Opéra royal de Versailles. »
Publié le 10 février 2011
Purcell revisité
Premier opéra mis en scène par Corinne et Gilles Benizio – connus sous le nom de scène de Shirley et Dino – King Arthur de Purcell est repris à l’Opéra royal de Versailles. Avec le Concert spirituel dirigé par Hervé Niquet, le couple de comédiens propose un divertissement haut en couleurs fidèle à l’esprit de l’œuvre.
King Arthur est votre première mise en scène d’opéra. Quelle est l’origine de ce projet ?
Corinne Benizio : C’est une idée du chef Hervé Niquet, qui nous suit depuis très longtemps. En 2007, il est venu nous voir après un spectacle. Il avait envie de monter King Arthur et nous a dit que ce serait formidable si nous acceptions de le mettre en scène. Comme il ne souhaitait pas conserver tout le texte de Dryden, il a écrit lui-même une trame fantaisiste, tout en gardant l’intégralité des chants.
Comment s’est déroulé le travail avec Hervé Niquet ?
Gilles Benizio : Nous avons beaucoup écouté l’œuvre, en laissant venir des idées de mise en scène, de sketches, de gags. En même temps, nous avons souvent rencontré Hervé, pour qu’il nous donne son aval. L’important est que la qualité de la musique soit préservée, que la mise en scène n’entraîne pas de confusion.
C. B. : Pour le reste, Hervé Niquet tenait vraiment à ce qu’on raconte l’histoire de ce Roi Arthur avec notre propre fantaisie. Selon lui, dans cette œuvre, on peut faire ce qu’on veut.
G. B. : Nous avons mis la musique en images, selon notre désir, notre fantaisie. C’est dans le troisième acte que nous nous permettons le plus de folie. On a imaginé tout un scénario – et nous intervenons même, Corinne et moi, pour un petit sketch en plein milieu de la « scène du froid ». Nous avons réussi à mêler notre univers et la musique de Purcell. Hervé nous a d’ailleurs toujours encouragés dans ce sens. Il a beaucoup de métier, d’exigence mais aussi beaucoup d’humour. Dans la « scène de la forêt », c’est lui qui nous a suggéré que Philidel ait un défaut de prononciation quand il répète « This Way ».
Les chanteurs et les musiciens ont-ils été surpris par votre approche, sans doute assez inhabituelle pour eux ?
G. B. : Ils ont peut-être été un peu surpris mais se sont surtout énormément prêtés au jeu, avec beaucoup d’enthousiasme.
C. B. : Hervé tenait à ce que l’on s’amuse. Il souhaitait également que l’on donne beaucoup d’indications aux chanteurs, qu’ils aient beaucoup à jouer. La liberté d’un chanteur est dans le jeu. Vocalement, ils sont naturellement à l’aise ; nous avons donc tenu à les faire jouer comme s’ils étaient des acteurs.
G. B. : Pour eux aussi, c’est plus vivant. Lorsque nous avons repris la production la saison suivante, en modifiant quelques scènes, les chanteurs étaient demandeurs, ils voulaient jouer.
Mettre en scène un ouvrage existant doit être très différent de la préparation de vos propres spectacles…
G. B. : Le rythme est différent. Pendant les quinze jours de répétition sur le plateau, il n’y a pas une minute à perdre. Quel rythme ! Mais nous savions ce que nous avions à dire aux interprètes. Nous avons du métier : on ne s’est pas laissé effrayer !
C. B. : À partir du moment où l’on se jette dans une aventure de création, tout est enrichissant. On est ainsi venu nous chercher pour la mise en scène du Soldat rose [de Louis Chedid et Pierre-Dominique Burgaud] ou récemment pour Le Carnaval des animaux au Théâtre des Champs-Élysées. Et en décembre prochain, nous présenterons La Belle Hélène d’Offenbach à Montpellier. Nous sommes toujours partants pour de nouvelles aventures, surtout quand elles nous laissent notre liberté et notre fantaisie.
Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun
Les 2, 3, et 5 mars à 20h30, le 6 mars à 17h à l’Opéra royal.