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Marc Minkowski

Marc Minkowski - Critique sortie Classique / Opéra
Crédit : Philippe Gontier / Naïve Légende : « Marc Minkowski dirige Mozart et Schubert à l’Opéra royal de Versailles le 5 avril. »

Publié le 10 février 2011

Un fidèle de l’Opéra Royal

Avec Les Musiciens du Louvre-Grenoble, Marc Minkowski, un familier du Château de Versailles, dirige le 5 avril un programme Mozart (Symphonie « Haffner ») et Schubert (Symphonie n° 8, ouverture Rosamunde) à l’Opéra royal.

« Pour moi, la musique à Versailles est une évidence »
 
Comment définiriez-vous aujourd’hui Les Musiciens du Louvre-Grenoble ?
 
Marc Minkowski : C’est un orchestre à vocation lyrique très forte et qui s’est construit autour d’une passion pour l’opéra baroque. Après une période d’adolescence désormais passée, c’est aujourd’hui un orchestre-caméléon jouant sur trois instrumentariums, qui correspondent à trois périodes du répertoire : baroque (Haendel, Rameau), classique (Mozart, Haydn, Beethoven) et romantique (Schubert, Berlioz, voire le jeune Wagner). Le fait que l’orchestre soit essentiellement composé de musiciens intermittents a son importance : chaque programme rassemble une dizaine de nationalités, ce qui donne quelque chose de très étonnant. C’est aussi un orchestre très jeune, avec une moyenne d’âge de 25 à 35 ans.
 
Vous dirigez actuellement Beethoven avec Les Musiciens du Louvre-Grenoble sur instruments anciens et avec le Sinfonia Varsovia sur instruments modernes. Ces interprétations se nourrissent-elles l’une de l’autre ?
 
M.M. : J’emmène Les Musiciens du Louvre vers ce répertoire, après que nous nous sommes nourris très intensivement de Haydn et Mozart. Aborder Beethoven reste très difficile, mais notre familiarité avec Haydn rend certaines choses beaucoup plus naturelles. Avec le Sinfonia Varsovia, le travail est très différent. J’essaie d’effacer certaines habitudes, d’amener une nouvelle façon de penser, en travaillant à partir des vrais textes, des nuances et des articulations originales de Beethoven. Ce n’est pas facile, mais les musiciens sont très demandeurs.
 
À l’Opéra de Versailles, vous dirigerez notamment la 8e Symphonie (« La Grande ») de Schubert. Comment abordez-vous ce compositeur ?
 
M.M. : Je veux retrouver un Schubert plus naturel. Il faut se souvenir que Schubert est d’abord un compositeur de lied et sa musique, y compris pour orchestre, a quelque chose de mélancolique, nostalgique, profondément viennois. Même si les tempos sont beaucoup plus flous que chez Beethoven, par exemple, ils suggèrent aussi une certaine obsession du détail, qu’il faut respecter pour retrouver le phrasé de Schubert. Avec un orchestre comme Les Musiciens du Louvre, Schubert redevient de la grande musique de chambre.
 
Vous êtes fréquemment en tournée. Comment vous adaptez-vous aux conditions acoustiques de chaque lieu ?
 
M.M. : Être en tournée, être un orchestre intermittent, c’est s’adapter. Et c’est cette difficulté, que j’aime. À l’Opéra de Versailles, l’acoustique est très analytique mais relativement généreuse. Il faut faire chanter, arrondir le son en permanence ; on n’est jamais habillé par une réverbération. C’est l’exact opposé de la MC2, notre salle à Grenoble, qui est acoustiquement parlant proche d’une église. Mais au-delà de l’aspect technique, c’est un vrai bonheur esthétique de jouer dans un lieu tel que l’Opéra royal.
 
Vous avez dirigé en 2009 le concert de réouverture de l’Opéra royal. Quels sont les liens qui vous unissent à ce lieu ?
 
M.M. : Dans ma première vie [ndlr : en tant que bassoniste], j’y ai joué avec William Christie à l’occasion du sommet des chefs d’État de 1982. J’y suis retourné de nombreuses fois avec Les Musiciens du Louvre et nous y avons notamment enregistré Hippolyte et Aricie de Rameau. En 1992, nous avons inauguré un festival de musique baroque avec l’Armide de Gluck mise en scène par Pier Luigi Pizzi. Les Musiciens du Louvre sont nés avec le Centre de musique baroque de Versailles et j’ai d’ailleurs dirigé le Studio Versailles Opéra avec Rachel Yakar. Pour moi, la musique à Versailles est une évidence.
 
Propos recueillis par J.-G. Lebrun


 
Mardi 5 avril à 21h à l’Opéra royal.

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