L’ART DE LA RHETORIQUE
LE CHEF DU CONCERT SPIRITUEL DIRIGE LE CARNAVAL DE VENISE DE CAMPRA, UN OPERA-BALLET CREE EN 1699. UNE PRODUCTION A LAQUELLE PARTICIPENT EGALEMENT LES CHANTRES DU CMBV.
« Au Concert spirituel, nous avons toujours mené avec les chanteurs un grand travail sur la diction. » Hervé Niquet
Quel regard portez-vous sur la musique de Campra ?
Hervé Niquet : Sa musique sonne de manière très serrée et bien bâtie. C’est une architecture où tout se déploie par le grave. On retrouve cela chez un autre compositeur baroque français, Pascal Collasse. Campra a écrit pas moins de 54 grands motets, qui sont tous des « mini-opéras », tant du point de vue dramatique qu’orchestral. Quand il s’est mis ensuite à écrire de l’opéra, ce fut également une réussite.
Pouvez-vous nous présenter Le Carnaval de Venise ?
H.N. : Ce type de partition, c’est Broadway 300 ans avant ! Pour monter un tel ouvrage, il faut, comme disait Rameau, « des acteurs ayant une assez jolie voix ». Au Concert spirituel, nous avons toujours mené avec les chanteurs un grand travail sur la diction. Cette importance du langage, de la rhétorique se retrouve aussi dans l’orchestre. Si tous les ingrédients sont réunis, on fait un show de feu de dieu !
Quel est votre lien avec le CMBV ?
H.N. : Nous nous produisons chaque année dans le cadre du CMBV. A l’étranger, on nous envie un tel outil. Car ce qui est unique, c’est qu’il s’agit d’une institution à la fois spécialisée et généraliste, qui va de la recherche à l’édition en passant par l’organologie. Il ne faut pas non plus oublier l’attachement à un bâtiment historique qui est, rappelons-le, l’un des lieux les plus visités au monde.
Propos recueillis par Antoine Pecqueur
Le Carnaval de Venise de Campra : le 19 octobre
à 20h au Théâtre des Champs-Elysées, dirigé
par Hervé Niquet.