L’art de la mélodie
Fidèle de l’Opéra de Paris, la mezzo-soprano [...]
Conte de la faim et de la gourmandise, Hänsel et Gretel d’Humperdinck est présenté pour la première fois au Palais Garnier.
Nicolas Joel poursuit sa série d’entrées au répertoire de l’Opéra National de Paris d’œuvres lyriques célèbres maintes fois enregistrées au disque, qui font les beaux soirs du Met ou de l’Opéra de Vienne mais qui curieusement n’avaient jamais été données ni à Garnier ni à Bastille. Hänsel et Gretel d’Engelbert Humperdinck sur un livret de sa sœur Adelheid Wette bénéficient effectivement d’une discographie presque pléthorique. Premier opéra à être diffusé à la radio en Europe dans les années 1920 et en direct du Met le jour de Noël 1931, cette féérie n’a cessé d’être acclamée dans les pays germanophones et anglophones. Le génie d’Humperdinck s’exprime dans une orchestration post-wagnérienne à la fois d’une grande finesse et d’une séduction immédiate pour des oreilles modernes habituées aux musiques de films. Certaines mélodies sont devenues des tubes outre-Rhin. Après une lointaine version en français à l’Opéra-Comique en 1900, il était temps que Hänsel et Gretel vienne enchanter le public français.
Merveilleux et métamorphose
Au Palais Garnier, on retrouve avec plaisir la soprano belge Anne-Catherine Gillet au timbre délicat et juvénile, ainsi que Daniela Sindram, ébouriffant et très androgyne Chevalier à la Roseil y a quelques saisons à l’Opéra Bastille. Mariame Clément, habituée aux relectures et transpositions imaginatives, souhaite retrouver la cruauté du conte de Grimm, un peu perdue en cours de route par Humperdinck et sa sœur qui voulaient avant tout créer un spectacle de Noël enchanteur qui ne risquerait pas de traumatiser un jeune auditoire. Tandis qu’à l’origine, les enfants étaient envoyés dans la forêt par la marâtre afin qu’ils y meurent et soient deux bouches de moins à nourrir, les jeunes héros d’Humperdinck s’égarent par inadvertance et retrouvent leurs deux parents lors d’un joyeux happy end. Apogée sans réelle suite du genre du Märchenoper (opéra conte de fées), Hänsel et Gretel avec leur cohorte de chants entraînants, d’anges descendant du ciel, de personnages merveilleux, et avec bien sûr la grosse maison en pain d’épice trouvent dans les ors du Palais Garnier un écrin délicieux. Le chef allemand Claus Peter Flor dirige les forces de la maison auxquelles se joint la Maîtrise des Hauts-de-Seine pour la métamorphose finale des gâteaux en enfants délivrés du maléfice dela Sorcière.
A.-T. Nguyen
Fidèle de l’Opéra de Paris, la mezzo-soprano [...]