Premiers contacts avec la scène
L’Opéra de Paris propose chaque année une [...]
Trente-trois classes des académies de Paris, Versailles et Créteil, principalement dans les réseaux d’éducation prioritaire, sont en partenariat avec l’Opéra de Paris.
L’année prochaine, l’Opéra de Paris lance pour la première fois le Festival « Dix mois d’école et d’opéra ». Un événement qui vient saluer un dispositif pédagogique ambitieux, lancé à la fin des années 80. Cette année, trente-trois classes, issues des académies de Paris, Versailles et Créteil, participent au dispositif, d’une durée de deux ans. Au septième étage de l’Opéra Bastille se trouve le bureau du service « Dix mois d’école et d’opéra », qui compte trois chargés de mission, mis à disposition par l’Education nationale : Christine Eschenbrenner, Dominique Laudet et Laurent Pejoux. Avant de rejoindre ce poste, tous trois ont été professeurs en région parisienne et ont participé avec leurs classes à cette opération de l’Opéra de Paris. Ils reviennent sur son concept : « Permettre à des élèves du primaire, du collège et du lycée, géographiquement et socialement éloignés de la culture, d’avoir accès à l’Opéra », explique Christine Eschenbrenner, tandis que Laurent Pejoux souligne la dimension interdisciplinaire du projet, qui « se fait avec tous les professeurs de la classe, du professeur de maths à celui d’EPS. Nous ne nous limitons surtout pas au seul professeur de musique. Pour cette raison, nous devons pouvoir compter sur la force des équipes pédagogiques, et le proviseur lui aussi doit être partie prenante. » Quant à Dominique Laudet, il tient à préciser que « le but de ce dispositif n’est pas de monter un spectacle. Cela peut être une finalité, au même titre que la réalisation d’un court métrage ou une radio sur l’opéra. Mais l’essentiel, c’est d’apporter aux élèves une estime de soi, une certaine idée de la citoyenneté, qu’ils comprennent l’intérêt de l’art et la culture ». Le projet se déroule sur deux ans, et comprend plusieurs étapes : visites des lieux, rencontres avec des artistes ou des techniciens, présentation d’un projet personnel…
« Les élèves améliorent leurs résultats »
Les témoignages des élèves disent le succès de l’opération. Vanessa, en seconde au Lycée Saint-Exupéry de Créteil, a été fascinée par le Palais Garnier : « Quand nous sommes entrés dans l’Opéra, j’étais ébahie car c’était immense. Auparavant, je n’étais jamais entrée dans un endroit aussi beau, il y avait de l’or partout, c’était magnifique. » Les rencontres avec les artistes marquent les enfants, comme Cheick, en CM1 à l’école polyvalente Poissonniers à Paris 18ème : « Dix mois d’école et d’opéra m’a appris à mieux connaître les instruments, à comprendre la musique. Ce projet m’a permis de rencontrer des personnes exceptionnelles comme Philippe Jordan. » Certaines opérations sont toutefois plus difficiles à réaliser. Une classe de Villiers-le-Bel pose actuellement problème, comme nous le confie Christiane Eschenbrenner : « Les élèves de ce lycée professionnel ont un parcours chaotique. Ils considèrent que l’opéra n’est pas pour eux, car c’est un truc de filles ou d’homosexuels. Ce qui en dit malheureusement long sur la misogynie et l’homophobie présentes dans la classe. » Au-delà du ressenti des élèves, des évaluations ont été mises en place dans les établissements pour juger de l’impact du projet. « Les élèves améliorent leurs résultats : il y a en moyenne 25 % de taux de réussite supplémentaire pour les élèves ayant participé au dispositif. Ils développent également leur autonomie, prennent des initiatives. Il y a un effet immédiat de socialisation », observe Dominique Laudet. Un tel dispositif a bien sûr un coût, oscillant chaque année entre 700 000 et 800 000 euros. La particularité du financement tient au fait que plus de la moitié du budget provient du mécénat de particuliers et surtout d’entreprises. En pleine crise de la dette, les grands groupes sont plus que jamais sensibles aux opérations liant social et culture.
A. Pecqueur
L’Opéra de Paris propose chaque année une [...]