Tête chercheuse
Depuis 2009, Christophe Ghristi a pris la [...]
Dirigé par Nathalie Guilbaud, le programme Opéra-Université ouvre les portes de l’Opéra aux étudiants.
Ouvrir la musique savante au public de demain : voilà une antienne que plus aucune institution musicale ne néglige aujourd’hui. Pionnier en ce domaine, en accord avec l’idée de démocratisation de l’accès à la culture lyrique qui a accompagné le projet de l’Opéra Bastille, l’Opéra national de Paris expérimente depuis de nombreuses années une politique pédagogique à destination de différentes catégories de publics en devenir. Là où beaucoup se limitent au « jeune public », l’Opéra a ainsi lancé le programme Opéra-Université, qui invente des parcours sur mesure pour les lycéens et étudiants, selon leurs besoins, leurs envies et celles de leurs enseignants.
Effet de choc
Professeur de culture générale en classe préparatoire au lycée Janson de Sailly, Jean-Pierre Levert a été à l’initiative de la création d’une option « Histoire des arts ». Il milite aujourd’hui pour que la musique et l’opéra y aient toute leur place : « Le but est d’aiguiser la dimension critique, d’entraîner à une réflexion esthétique ». Dans l’optique d’une question telle que « les romantismes européens », qui figure au programme du concours d’entrée à l’École normale supérieure cette année, travailler sur la production de La Walkyrie à l’Opéra Bastille est un apport appréciable pour développer une approche comparatiste, sans perdre de vue la perspective historique. Pendant leur parcours à l’Opéra, les élèves ont aussi l’occasion d’assister aux répétitions, de rencontrer les acteurs d’une grande scène lyrique : « ils découvrent l’ampleur de la tâche et du travail ». « L’effet de choc est important », renchérit Bernard Sève, qui enseigne l’esthétique à l’Université de Lille 3. Chaque année depuis cinq ans, ses étudiants de 3e année de licence partent en immersion à l’Opéra de Paris. « Quand ils arrivent, l’opéra, ils ne savent pas ce que c’est, et même ils s’en méfient ; à leur retour, les textes qu’ils rédigent – compte-rendu de rencontres et analyse esthétique de l’œuvre – montrent à quel point ils ont été fascinés, et souvent bouleversés ». Michaël Ertzscheid, professeur d’analyse au Conservatoire (CRR) de la rue de Madrid, s’adresse a priori à un public plus au fait du monde musical. Pourtant, ici aussi, une certaine intimidation empêche parfois ces jeunes instrumentistes de pousser la porte de l’Opéra. « Travailler ainsi sur Pelléas et Mélisande, cela concrétise le cours dans un cadre qui n’est pas déplaisant ». Dans tous les cas, la découverte de l’Opéra – de l’intérieur – est bien plus qu’une simple école de l’écoute ; c’est un apprentissage du monde.
Jean-Guillaume Lebrun
Depuis 2009, Christophe Ghristi a pris la [...]