La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -216-L'ONDE

Entretien Yom

Entretien Yom - Critique sortie Jazz / Musiques Vélizy-Villacoublay L'Onde
© Michel Azouz

Publié le 20 décembre 2013 - N° 216

Les Rencontres de Yom

Les rencontres de Yom, dans tous les sens et sans interdit : tel est le fil inducteur de la résidence de deux ans du clarinettiste Yom à L’Onde.

« Le principe de la rencontre est le fondement même de la musique klezmer. »

La rencontre est l’un des piliers du klezmer…

Yom : Le klezmer s’est toujours nourri des apports alentour, de l’autre. Le principe de la rencontre est le fondement même de la musique klezmer. C’est pourquoi j’ai choisi de mettre l’accent sur ce thème, d’autant que j’avais aussi envie de partir à la rencontre de Vélizy. Il y aura ainsi toute une série d’actions culturelles et des échanges.

Un autre pilier, connexe, du klezmer est l’itinérance…

Y. : Paris, et sa région, sont le cadre idéal pour un rayonnement musical. Des artistes du monde entier vivent et créent ici. Ne serait-ce qu’à Pigalle, où j’habite, le brassage est incroyable. Tout est accessible, tout est possible ! Et il ne s’agit ni de reproduire du klezmer, ni de copier trait pour trait la musique de l’autre, mais bien d’inventer autre chose. Je pense qu’on ne peut donc pas faire la même musique à Paris en 2013 qu’en Bessarabie au XIXème siècle. Dès lors ma musique est-elle du klezmer ? Quand je crée un répertoire avec le joueur de guimbarde chinois Wang Li, quand j’invite l’accordéoniste breton Janick Martin, est-on encore dans ce registre ? Cela dépend de la définition, de la compréhension que l’on a de cette tradition.

L’hybride est au cœur du jazz, une musique qui fut aussi très proche du mouvement klezmer à New York…

Y. : Oui, mais en sachant qu’il s’agit de la deuxième vie du klezmer, lorsqu’une partie de la communauté d’Europe de l’Est est partie outre-Atlantique. C’est ce qui a permis sa reconnaissance, puisqu’on a beaucoup plus de traces enregistrées de cette période, mais aussi sa perte, puisqu’à partir des années 1930, les musiciens klezmer, dont Dave Tarras, se sont retrouvés dans le jazz comme des poissons dans l’eau. Ce n’est qu’à partir des années 1970 que cette musique est réapparue : certains sont allés chercher du côté de l’orthodoxie traditionnelle, d’autres s’en sont servis uniquement comme un matériau de base pour aller au-delà.

La tradition n’est pas figée : votre discographie en est la meilleure preuve. Et chez vous, 1 + 1 = 3.

Y. : Exactement, quand 1+1 = 2, c’est une rencontre en quelque sorte ratée. Tout l’inverse de ce que j’ai fait avec Wang Li. C’est tout le propos du Silence de l’exode, mon nouveau projet qui va chercher des traces d’avant le klezmer, du côté oriental, avec Claude Tchamitchian, contrebassiste versé dans le jazz et le contemporain, Bijan Chemirani, percussionniste iranien ouvert à tous les styles, et Farid D, un violoncelliste classique qui joue de son instrument comme d’un oud. J’espère pouvoir le monter à Vélizy pour 2014 avec l’ensemble Les Dissonances de David Grimal, lui-même en résidence à L’Onde.

 

Propos recueillis par Jacques Denis

A propos de l'événement

Les Rencontres de Yom. Avec Les Yiddish Cow-Boys,
du dimanche 9 février 2014 au dimanche 23 mars 2014
L'Onde
théâtre et centre d'art, 8bis, avenue Louis-Bréguet, 78140 Vélizy-Villacoublay

le 9 février, à 16h. Avec Janick Martin, le 23 mars, à 16h. Avec The Empire of Love, le 27 mai, à 21h. L'Onde, théâtre et centre d'art, 8bis, avenue Louis-Bréguet, 78140 Vélizy-Villacoublay. Tél. : 01 34 58 03 35. Site : www.londe.fr
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