La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -216-L'ONDE

Entretien Julien Bouffier

Entretien Julien Bouffier - Critique sortie Théâtre Vélizy-Villacoublay L'Onde
© Marc Ginot

Publié le 20 décembre 2013 - N° 216

Réinventer Le Mépris

Pour sa troisième création, Le jour où j’ai acheté ton Mépris au Virgin Mégastore, Julien Bouffier signe une proposition entre théâtre, musique et cinéma.

« Le théâtre doit raconter notre monde, dans son rapport à l’intime et au social. »

Pouvez-vous revenir sur les sources de ce spectacle ?

Julien Bouffier : Au départ, il y a un film, évidemment (ndlr, Le Mépris de Godard). Mais, très vite, ce film m’a fait penser à d’autres films, de Godard, mais aussi d’Antonioni. L’inscription dans le réel de ces réalisateurs me touche, ainsi que la façon formelle qu’ils ont de représenter le monde, et leur fascination pour des actrices. Cette passion est l’un des sujets du Mépris et de notre spectacle. J’ai lu aussi le livre de Moravia (ndlr, duquel a été tiré le film) qui raconte de manière tragique et sublime la déchéance d’un couple. Et puis, il y a la musique de Delerue, si importante dans le film de Godard. Il s’agit d’un magnifique stimulateur d’imaginaire, auquel répondent pour moi des chansons de Benjamin Biolay. Faire « mon Mépris » était alors un vaste chantier, où je devais réinventer des images, de la musique et un texte.

En quoi cette proposition rejoint-elle les engagements artistiques de votre compagnie ?

J. B. : Dans mon travail, il y a toujours eu la volonté d’associer, sur le plateau, l’image et les corps des acteurs, de comprendre ce qui se joue entre le vivant et son pendant graphique. Nous le prolongerons, ici, avec tout un système de captation en direct et de séquences que nous aurons filmées au préalable. Je réfute l’idée de divertissement pour le théâtre, mais il semble indispensable que le théâtre soit aussi le lieu du sensible, qu’il ne soit pas seulement un art intellectuel. Il doit être les deux : il doit raconter notre monde, dans son rapport à l’intime et au social, en l’inscrivant, comme ici, dans une histoire d’amour qui parle à chacun.

Quel regard portez-vous sur notre société à travers cette création ?

J. B. : Un regard sombre. Le jour où j’ai acheté ton Mépris au Virgin Mégastore commence le jour où cette grande enseigne liquide ses stocks. Notre couple se rencontre là, entre des clients fous qui se battent pour avoir un Ipad à 50% de son prix. C’est une histoire vraie, qui m’a fait peur et dont on peut voir des images sur internet. Je ne nous reconnaissais pas, nous, êtres humains. Tous ces gens étaient en train de faire les poches à un mort. Notre spectacle parle d’une société qui se construit sur le désir éphémère, au détriment d’un lien plus pérenne, du sens de la civilisation.

 

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Le Mépris
du mardi 4 février 2014 au mercredi 5 février 2014
L'Onde
théâtre et centre d'art, 8bis, avenue Louis-Bréguet, 78140 Vélizy-Villacoublay

Les 4 et 5 février 2014, à 21h à l'Onde de Vélizy. Tél. : 01 34 58 03 35. Site : www.londe.fr Les 7 et 8 Fvérier à 21h au Théâtre Jean Vilar de Suresnes. Tél : 0155531060.
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