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Focus -148-Prades

Entretien Michel Lethiec, clarinettiste et directeur musical du Festival Pablo Casals de Prades

Entretien Michel Lethiec, clarinettiste et directeur musical du Festival
Pablo Casals de Prades - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 mai 2007

« Nous avons impulsé une nouvelle dynamique à la manifestation »

Comment en êtes-vous venu à prendre la direction de l’Académie et du Festival
de Prades ?

Michel Lethiec : Quand je suis sorti du Conservatoire de
Paris, j’étais passionné par la musique de chambre. Mais je me suis rendu compte
qu’il n?y avait quasiment aucun endroit où cette discipline était enseignée. Je
me suis alors décidé à créer une académie qui prendrait place à côté d’un
festival de musique de chambre. Et à l’époque, Prades était déjà la référence !
Durant plus de dix ans, le festival fut dirigé par des responsables locaux et,
de mon côté, je supervisais le stage pour les jeunes musiciens. Puis, au cours
des années 80, on m’a demandé de prendre la direction des deux entités. A partir
de ce moment-là, nous avons impulsé une nouvelle dynamique à la manifestation.

Quels musiciens invitez-vous au Festival ?

M.L. : Ce sont pour moitié des musiciens fidèles et pour moitié de
nouveaux artistes. Cette année, Prades accueillera ainsi deux violoncellistes :
Arto Noras, habitué de longue date, et, pour la première fois, Ivan Monighetti.
Le Festival offre l’occasion de répéter des programmes exigeants, car l’ensemble
des musiciens reste sur place une quinzaine de jours. Les instrumentistes
viennent également à Prades pour l’atmosphère, l’amour de la musique de chambre
et esprit de famille sont les ingrédients du succès de ce Festival.

La programmation accorde une belle place à la musique contemporaine?

M.L. : Au début, programmer de la musique contemporaine n?était pas
particulièrement facile. Mais aujourd’hui, il y a trois ou quatre compositeurs
en résidence pour chaque édition du Festival. De plus, nous organisons un
concours de composition. Cette année, nous avons reçu cent vingt pièces, allant
du style académique jusqu’à l’inspiration spectrale. La création contemporaine
est indispensable, sinon la musique devient un musée.

Le Festival de Prades se décentralise, à Paris mais aussi à l’étranger?

M.L. : Nous avons inauguré les concerts à l’étranger il y a quinze ans.
L’image de la musique de chambre à travers Pablo Casals est présente dans le
monde entier. Nous sommes allés à Tokyo, New York et, l’année prochaine, nous
serons à Hong Kong. Par ailleurs, Prades s’installe tous les ans au Théâtre des
Champs-Elysées pour offrir une sélection d’?uvres de musique de chambre avec
cordes et vents. En 2008, le thème sera celui du voyage, associé à un hommage à
Olivier Messiaen.

Quelle est la particularité de l’Académie européenne de jeunes musiciens de
Prades ?

M.L. : des élèves de différentes écoles supérieures de musique et ne se
limite donc pas aux seuls conservatoires français. Par ailleurs, les étudiants
peuvent profiter de l’ensemble des professeurs et ne sont pas limités à un seul
« maître ». Enfin, je tiens à ce que les professeurs et les élèves vivent
ensemble et jouent en commun lors de différents concerts.

Vous êtes l’un des rares directeurs de festival à être également concertiste.
Comment l’expliquez-vous ?

M.L. : La spécialisation des activités est un phénomène récent. Aux
XVIIIème et XIXème siècles, il était courant que les musiciens aient des
responsabilités. J’aime beaucoup cette idée, même si je reste aidé pour les
questions d’organisation et surtout de budget.

Propos recueillis par Antoine Pecqueur

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