La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -158-enghien

Dominique Roland

Dominique Roland - Critique sortie Danse
Légende photo : Dominique Roland, directeur du centre des arts d’Enghien et programmateur de ces nouveaux Bains Numériques

Publié le 10 mai 2008

« La ville comme véritable scène à ciel ouvert »

Les rues, les façades, les vitrines, le marché… Le numérique se développe dans cette troisième édition des Bains Numériques au travers d’un événement plus ouvert, vers le public et vers d’autres formes de création. Dominique Roland, directeur du festival, revient sur les caractéristiques de ce temps fort.

 « Redonner une place à l’art dans la société. »
 
Dans cette édition, on note une ouverture vers d’autres formes spectaculaires, et une dimension dedans-dehors très affirmée. Ce temps fort dédié aux arts numériques est-il en mutation ?
Tout d’abord, l’événement ne se déroule pas dans le ou les théâtres, comme précédemment : la ville devient une véritable scène à ciel ouvert. Investir un espace urbain, c’est rentrer dans des questions qui touchent à l’urbanisme, à l’architecture, à l’environnement. Comment l’art investit-il tous ces espaces ? Ce développement des Bains Numériques ne se fait pas seulement avec la danse, mais aussi avec la scène électro. Aujourd’hui, nous pensons que la rencontre des publics se fait également autour de ces formes différentes. La danse, très importante en 2007, reste présente, et cette édition charnière de 2008 permet au public de voir le résultat de prix délivrés voici quelques mois. Je pense en l’occurrence à Julie Bougard, à Florence Corin qui est en création suite à une résidence, ou à Siegfried Canto. Il s’agit de transformer un événement intra-muros en un événement dans l’espace urbain, à ciel ouvert, en ouvrant la danse aux musiques électroniques, aux installations et aux arts visuels.

Dans cette dynamique dedans-dehors, vous parlez du lien avec l’urbanisme, mais qu’en est-il du lien avec les habitants, avec la sphère sociale ? Ce n’est pas anodin aujourd’hui qu’un théâtre occupe l’espace public…
Je crois que cela procède d’une volonté de redonner une place à l’art dans la société. L’art s’invite dans la société, dans une forme beaucoup plus directe de rencontre avec les publics. La sacralisation des théâtres comme lieux emblématiques de la culture n’aide pas au rapprochement avec les publics, pour des questions qui touchent à la fois à la culture, aux apprentissages, et à la transmission. Les projets sélectionnés se situent vraiment dans la création contemporaine avec des croisements artistiques. Dans quel contexte pose-t-on les choses, de quelle manière ? Par exemple, l’œuvre de Miguel Chevalier va interagir avec le passage du piéton dans la rue : une manière de démontrer que l’art d’aujourd’hui ne demande pas de simplement regarder, mais interpelle le public, le sollicite comme acteur de quelque chose. Le deuxième point important touche à la question des publics : j’ai volontairement choisi un projet comme Parquet de Bal, d’Isabelle Tat et Woudi, une sorte de bal moderne où les amateurs apprennent des danses, et restituent le mouvement sur un parquet de capteurs. De même, la musique de Puce Muse s’empare de la question de l’intergénérationnel, en faisant le lien entre des enfants, des personnes âgées, et un joystick.

On note un retour de certains artistes programmés précédemment, comme Armando Menicacci ou Tomoko Inagaki, et un regard singulier sur la création japonaise.
Armando Menicacci revient avec une nouvelle création. Quant à Tomoko Inagaki, nous lui avons adressée cette commande pour les Bains Numériques quand elle était en résidence au Centre des arts. On retrouve également Yoichiro Kawaguchi, un des inventeurs de la motion capture, de retour avec une nouvelle actualité : l’invention d’un écran tactile, qui creuse la question du rapport entre le visuel et le toucher. Nous accueillons aussi le designer Maywa Denki, qui fabrique des instruments jouant mécaniquement de la musique dans un dispositif scénique étonnant. Il jouera sur la place de Verdun, à côté du marché. Là, nous avons réuni soixante commerçants pour ouvrir un marché de nuit. Cela s’appellera le Banquet interactif. Grâce aux dispositifs qui appartiennent au département Arts et Technologies de l’Image de l’Université Paris 8, on aura par exemple, chez le poissonnier et chez le primeur, un aquarium et un pommier virtuels, engageant un vrai rapport ludique et interactif avec les passants. La deuxième originalité, c’est la mise en place, dans le prolongement, d’un deuxième marché, en duplex avec le marché d’Osaka ! Nous convoquerons en direct les savoir-faire de chacun, en lien avec des performances d’artistes.
Propos recueillis par Nathalie Yokel


A propos de l'événement



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