La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Dimítris Dimitriádis

Dimítris Dimitriádis - Critique sortie Théâtre
photo:Dimítris Dimitriádis

Publié le 10 septembre 2009

Analphabétisme sentimental

Je meurs comme un pays, Le Vertige des animaux avant l’abattage, La Ronde du carré. Après le cycle consacré à Howard Barker en 2008/2009, l’Odéon met à l’honneur le grand auteur grec Dimítris Dimitriádis.

« Je suis dépendant de, ou attaché à certains thèmes qui reviennent sans que je les appelle, notamment tout ce qui concerne les relations humaines – je pense très souvent à la phrase d’Ingmar Bergman : “Nous sommes sentimentalement des analphabètes.” Si ces thèmes demandent à être de nouveau traités et mis en forme, c’est probablement parce qu’ils sont liés à ma complexion profonde et, pour cette raison, ne sont jamais épuisés, jamais clos. Le Vertige des animaux est concentré sur une famille. La Ronde du carré, pièce qui se déploie sur quatre histoires de couples, est dispersée et soumise à une répétition qui l’épuise jusqu’à une fin ouverte, infinie et polyphonique. Le Vertige est dirigé vers une conclusion implacable et inévitable qui boucle la boucle de façon irréversible. Il s’agit d’un texte à plusieurs niveaux, composé de multiples références conscientes, mais également de références non conscientes, qui se révèlent encore plus nombreuses. La Ronde, elle, est conçue comme un puzzle de situations plus ou moins reconnaissables de la vie moderne.
 
Une langue qui révèle et dénude
 
La seule vocation de La Ronde est d’aller jusqu’au bout du chemin tracé, sans pour autant faire apparaître, à l’intérieur de l’intrigue, des réminiscences d’autres textes. Malgré ces dissemblances, qui ne sont d’ailleurs pas les seules, les pièces présentées à l’Odéon contiennent des ressemblances fortes. Par exemple, le monologue final de Je meurs comme un pays (où une femme parle de l’impossibilité de se trouver sexuellement mais aussi sentimentalement avec un homme, et donc de procréer) n’est pas du tout éloigné, dans son noyau, des relations érotiques embrouillées et complexes qui assaillent tous les personnages de La Ronde, ou de la tournure désastreuse que prend l’amour entre les membres d’une même famille, dans Le Vertige. Un autre élément concernant ces trois textes me semble très important : la langue y est employée de telle manière qu’au lieu de couvrir, comme elle le fait tous les jours, elle révèle, dénude, expose, dévoile, de sorte d’aller jusqu’à l’os, ou bien elle essaie de découvrir une autre chair sous la chair, une autre chair qui correspond justement à ce qui n’est pas encore connu et acceptable. »
 
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat


Je meurs comme un pays (en grec surtitré), de Dimítris Dimitriádis ; mise en scène de Michael Marmarinos. Du 7 au 12 novembre 2009 aux Ateliers Berthier. Le Vertige des animaux avant l’abattage, de Dimítris Dimitriádis ; mise en scène de Caterina Gozzi. Du 27 janvier au 20 février 2010 aux Ateliers Berthier. La Ronde du carré, de Dimítris Dimitriádis ; mise en scène de Giorgio Barberio Corsetti. Du 14 mai au 12 juin 2010 au Théâtre de l’Odéon.

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