La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Olivier Py

Olivier Py - Critique sortie Théâtre
photo: Olivier Py

Publié le 10 septembre 2009

Une saison à l’identité plurielle

Olivier Py entame sa troisième saison à la tête du Théâtre de l’Odéon qu’il continue à transformer en cité de théâtre, multipliant propositions et créations, autant en directeur qu’en poète.

Fort du succès des Sept contre Thèbes, vous continuez le théâtre d’intervention hors les murs.
Olivier Py : Les Sept contre Thèbes étaient un tout petit objet, une tentative, une hypothèse. Il fallait un spectacle tellement léger qu’on puisse le jouer partout, mais il fallait une œuvre aussi grande en ambition que le projet était petit financièrement. Je veux, dans le cadre de cette aventure expérimentale, mettre en scène tout Eschyle. Le premier essai a été si fervent et bouleversant qu’il fallait continuer. Ce n’est pas un projet socioculturel qui a trouvé en Eschyle son objet artistique, mais c’est tout l’inverse et c’est ça qui a fait son succès.
 
Qu’avez-vous changé des rapports avec les publics depuis votre arrivée à l’Odéon ?
O. P. : Je venais avec ce que j’avais appris en décentralisation. Il a fallu revitaliser les rapports avec l’Education Nationale et les associations. Nous avons multiplié aussi les liens avec les maisons d’édition, avec l’INA. Nous avons installé un cadre tarifaire favorisant les tarifs réduits, et fait en sorte que ce théâtre ne soit pas seulement un lieu de consommation mais un lieu de vie civile avec des conférences, des débats. Je veux que l’Odéon soit vraiment un lieu où l’on se retrouve. Quant aux Ateliers Berthier, qui sont le seul pôle culturel de leur quartier, nous nous attachons aussi à y développer des activités hors des heures de spectacle.
 
 « Je veux que l’Odéon soit vraiment un lieu où l’on se retrouve. »
 
La saison 2009-2010 s’organise-t-elle autour d’un thème particulier ?
O. P. : L’idée d’une saison thématique est toujours réductrice. Cela dit, le théâtre est une éponge et il absorbe les débats du monde. A cet égard, la question politique innerve cette saison, comme si la conscience du monde était plus forte cette année. Mais ce qui est vital, central, c’est le projet européen, qui s’organise autour de cet immense poète, Dimitris Dimitriádis, à la fois majeur et méconnu. Je tiens à une saison marquée par la diversité : formes classiques et formes dérangeantes, anciens et modernes, œuvres européennes et françaises.
 
Vous inaugurez la saison avec Les Enfants de Saturne. Que dire de cette nouvelle pièce ?
O. P. : C’est ma pièce maudite. Il y a des moments où l’on aborde au plus noir de soi-même. Je sors d’une comédie, Les Illusions comiques : je ne supportais plus les rires. Les Enfants de Saturne évoquent le crépuscule des idoles dans la France d’aujourd’hui : cette pièce parle de la mort d’une civilisation. J’ai été très impressionné par l’agonie de certains quotidiens français qui m’a semblé un signe des temps, marquant la disparition d’un certain rapport à la politique et celle d’un monde construit sur la littérature, dans lequel je suis moi-même un éclopé. C’est un texte difficile, âpre et violent, une pièce apocalyptique, noire et pourtant pas désespérée.
 
Où se trouve l’espoir dans tant de noirceur ?
O. P. : Dans toute apocalypse, il y a quelque chose à apparaître. L’avenir de l’Europe est, ainsi, je crois, dans le dialogue Nord /Sud, ce que j’essaie de mettre en allégorie dans cette pièce avec le personnage de Nour, le libre héritier du vieux Saturne. Dans cette pièce, les fils ont du mal avec leurs pères, leurs rapports sont devenus très difficiles dans un monde qui tourne en rond et n’arrive plus à intégrer l’autre. Fondamentalement, je crois qu’il y a toujours de l’espoir. D’abord parce que rien n’empêche que d’un être à un autre il y ait de la lumière, ensuite parce qu’il faut croire à la jeunesse. On peut la défigurer mais on ne peut pas l’empêcher de désirer : les pères n’empêcheront pas les fils de gagner leur place. Le festival de jeunes compagnies que nous organisons en juin s’appelle Impatience !
 
Propos recueillis par Catherine Robert


Les Enfants de Saturne, texte et mise en scène d’Olivier Py. Du 18 septembre au 24 octobre 2009 aux Ateliers Berthier. La vraie Fiancée, d’après les frères Grimm ; adaptation et mise en scène d’Olivier Py. Du 19 mai au 11 juin 2010 aux Ateliers Berthier. Impatience, festival de jeunes compagnies, du 17 au 26 juin 2010 au Théâtre de l’Odéon et aux Ateliers Berthier. Les Suppliantes, d’Eschyle ; adaptation et mise en scène d’Olivier Py. Théâtre d’intervention hors les murs du 22 février au 8 avril 2010.

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