La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Jean-Louis Martinelli

Jean-Louis Martinelli - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 juin 2009

La tentation de la troupe

Depuis longtemps séduit par l’idée d’aventure collective, Jean-Louis Martinelli, directeur du Théâtre Nanterre-Amandiers, avoue se sentir de plus en plus tenté par la notion de troupe.

De nombreuses propositions de votre prochaine saison sont en relation avec l’étranger. S’agit-il d’une ligne directrice de votre programmation ?
Jean-Louis Martinelli : Plutôt qu’une ligne directrice, il s’agit d’une constante. Une constante qui, d’année en année, correspond à l’envie d’organiser des allers-retours entre le territoire national et le monde. J’ai toujours des réticences à considérer de façon thématique les saisons théâtrales. Je préfère de loin les envisager à travers des conversations qui s’instaurent avec les artistes qui me touchent. Il me paraît important de ne pas se contenter de participer à une organisation marchande de la diffusion théâtrale, mais de tisser des liens artistiques forts, riches, des liens qui peuvent se prolonger dans la durée et permettre au public de lui-même converser avec les artistes par le biais de plusieurs œuvres.
 
Cela revient-il à composer, de saison en saison, une forme de famille théâtrale ?
J.-L. M. : Oui, car pour moi la notion de fidélité est essentielle au théâtre. L’idée de famille théâtrale est l’une des réponses que je souhaite apporter à la dimension mercantile du théâtre dont je viens de parler. J’ai en effet envie de retrouver plus de collectif dans les aventures artistiques, de me battre contre l’émiettement, contre l’accélération du temps, contre la diminution des durées d’exploitation des spectacles.
 
« Il me paraît important de ne pas se contenter de participer à une organisation marchande de la diffusion théâtrale. »
 
Iriez-vous jusqu’à envisager la possibilité d’une troupe ?
J.-L. M. : Dans le cadre d’une durée limitée, avec un projet théâtral prédéterminé, oui. Je crois même que la troupe — parallèlement à la constitution de pôles de productions européens — est l’un des éléments qui pourrait prendre part à un plan de relance véritablement ambitieux du théâtre. Car, je pense qu’il faut revenir aux fondamentaux en replaçant les artistes, et notamment les comédiens, au cœur de la vie quotidienne de nos maisons.
 
Vous mettrez en scène Médée et Maison de poupée cette saison. Quels liens entre ces deux pièces ?
J.-L. M. : Ces deux textes posent la question de l’altérité, de la place du sujet dans le monde, de l’autonomie et de la liberté de deux figures de femme. Nora fait écho à Médée. Ces deux héroïnes se lèvent pour revendiquer une place qui soit égale à celle des hommes, une place qui leur permette de participer pleinement à la marche du monde. 
 
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat


 

Les Fiancés de Loches, de Georges Feydeau. Du 20 au 24 octobre 2009 à 20h30. Médée, de Max Rouquette. Du 12 novembre au 13 décembre 2009 à 20h30 ; le dimanche à 15h30. Maison de poupée, d’Henrik Ibsen. Du 10 mars au 17 avril 2010 à 20h30 ; le dimanche à 15h30.

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