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City Life : symphonie urbaine

City Life : symphonie urbaine - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 janvier 2010

Véritable symphonie citadine, emblématique du compositeur américain Steve Reich, City Life est interprétée par René Bosc et précédée d’œuvres de John adams, Emerson, Lake & Palmer et King Crimson.

Porter un regard sur le monde a toujours été l’une des raisons d’être de la musique, de la Symphonie « pastorale » (1808) de Beethoven à La Mer (1905) de Debussy par exemple. Dans la seconde moitié du xxe siècle, la musique d’avant-garde prenant un tour plus abstrait, il semble plus difficile – ou trop prosaïque – de dire le monde par l’écriture musicale, ou alors de manière radicale – et ce sera la musique concrète. La nature peut encore inspirer : Messiaen, dans Des canyons aux étoiles… (1974), médite sur les paysages somptueux de l’Utah ; mais, quand l’Australien Brett Dean compose en 2000 sa propre Pastoral Symphony, il évoque moins la nature éternelle que sa dégradation par la société industrielle. Le compositeur aujourd’hui est, le plus souvent, un homme dans la ville – et pas nécessairement un piéton de Paris (ou de New York ou de Tokyo). Il lui revient donc de dire la ville à son tour. Gershwin l’a fait – mais de façon anecdotique – dans Un Américain à Paris (1928) mais le monde urbain a surtout été laissé à l’appréciation des musiques populaires. C’est d’ailleurs le rock, dans sa déclinaison « progressive », qui requiert l’Ensemble orchestral contemporain en première partie de concert. 21st Century Schizoïd Man de King Crimson, arrangé ici par René Bosc, sonne comme un hymne désabusé de l’Homo urbanus.
 
Donner la ville à entendre
 
City Life (1995) de Steve Reich accepte sans détour de donner à entendre la ville, dans son mouvement, sa densité, avec ce qu’elle peut avoir de disharmonieux, voire d’anti-musical. Ce n’est pas la première fois que le compositeur new-yorkais (né en 1936) se penche sur le monde réel et comme dans Different Trains (1988) il y fait usage de paroles enregistrées mais aussi de sons urbains : on y retrouve les klaxons déjà présents chez Gershwin, des claquements de portes et des bruits industriels, tous doublés par l’écriture orchestrale. L’œuvre, en cinq mouvements structurés en arche, possède une grande force narrative. Des images de New York signées Jérôme Bosc seront projetés parallèlement à son exécution, signifiant excès, morcellement, démesure et… une certaine fascination pour la mégalopole américaine.

Jean-Guillaume Lebrun


City Life de Steve Reich, images Jérôme Bosc, avec l’Ensemble Orchestral Contemporain dirigé par René Bosc. Samedi 16 janvier à 20h30.

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