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Arie van Beek

Arie van Beek - Critique sortie Classique / Opéra
Photo Orchestre de Picardie : Ludovic Leleu Photo Arie van Beek : Denis pourcher

Publié le 10 décembre 2010

Un chef conjuguant ouverture et ambition

« J’aime les contrastes dans les programmes : je préfère confronter Haydn à Stravinsky que donner un concert Mozart-Haydn-Beethoven. »

Percussionniste de formation, Arie van Beek a été pendant seize ans à la tête de l’Orchestre d’Auvergne. Le chef hollandais s’apprête à prendre, en janvier, la direction de l’Orchestre de Picardie.
 
Pourquoi avez-vous quitté l’Orchestre d’Auvergne pour l’Orchestre de Picardie ?
 
Arie van Beek : Ce sont deux orchestres complètement différents. L’Orchestre d’Auvergne est composé de cordes tandis que l’Orchestre de Picardie est une « formation Mozart ». Après avoir été pendant seize ans à la tête de l’Orchestre d’Auvergne, j’avais besoin de changer de répertoire, même si je reste encore pendant deux ans chef invité principal de cette formation. Ce qui m’a aussi intéressé dans le poste de directeur musical de l’Orchestre de Picardie, c’est que cet orchestre a une forte relation avec l’Opéra de Lille. Nous allons ainsi donner le Rake’s progress de Stravinsky en septembre prochain. Et j’espère voir bientôt programmer Béatrice et Benedict de Berlioz. Enfin, comme l’Orchestre de Picardie est membre d’un réseau d’orchestre européen, nous aurons la possibilité de jouer avec des formations d’autres pays et de donner ainsi des œuvres nécessitant un grand effectif, comme La Mer de Debussy.
 
Quel est votre projet pour les prochaines années avec l’Orchestre de Picardie ?
 
A.v.B. : Dans un premier temps, il me paraît essentiel d’amener l’orchestre dans des lieux, en France comme à l’étranger, où il n’a pas encore joué. C’est ainsi qu’en janvier, nous allons participer à la Folle journée de Nantes, où j’ai déjà très souvent dirigé. René Martin a eu l’idée d’associer l’Orchestre de Picardie et celui d’Auvergne pour donner la Quatrième symphonie de Mahler. Une belle coproduction en perspective ! J’ai aussi plusieurs contacts pour faire jouer l’orchestre aux Pays-Bas. Il faut vraiment que l’Orchestre de Picardie soit plus connu. Pour cela, nous allons devoir faire le même travail qu’avec un ensemble de musique de chambre, en entrant dans les moindres détails et en ne lâchant jamais avant d’avoir obtenu le meilleur.
 
L’Orchestre de Picardie joue beaucoup d’œuvres de style classique. Comment une telle formation se positionne-t-elle aujourd’hui par rapport aux orchestres sur instruments anciens ?
 
A.v.B. : Ma référence dans ce style, c’est Nikolaus Harnoncourt. Ce musicien a tout  pour lui : la connaissance et le cœur. Ce qui est intéressant, c’est qu’il peut diriger ses symphonies de Mozart avec son ensemble sur instruments anciens, le Concentus musicus Wien, mais aussi avec des orchestres « modernes », comme le Concertgebouw d’Amsterdam, avec lequel il obtient alors des couleurs exceptionnelles ! Je crois qu’avec une formation « moderne », on peut donner la musique de toutes les époques, de Bach aux contemporains, à condition de trouver pour chacune le phrasé ou l’articulation adéquats.
 
Quel rapport entretenez-vous avec la musique contemporaine ?
 
A.v.B. : En tant que percussionniste de formation, j’ai toujours été sensible à la musique d’avant-garde. Je dirige par ailleurs un ensemble spécialisé dans ce répertoire à Rotterdam : le Doelenensemble. Il est essentiel qu’un orchestre joue la musique d’aujourd’hui : une formation ne doit pas être un musée avec juste une collection permanente. Ce que j’aime par ailleurs dans la musique contemporaine, c’est qu’aujourd’hui, tout est possible. Il n’y a rien de commun entre John Adams et Pierre Boulez !
 
Comment avez-vous construit la programmation de l’Orchestre de Picardie ?
 
A.v.B. : J’aime les contrastes dans les programmes : je préfère confronter Haydn à Stravinsky que donner un concert Mozart-Haydn-Beethoven. Par ailleurs, il ne faut jamais perdre de vue que l’on doit toucher un public large. D’où le fait que construire un programme dans le cadre d’une série de concerts, comme c’est le cas pour l’Orchestre de Picardie à la Maison de la culture d’Amiens, est une chose toujours très délicate. C’est un défi stimulant.
 

Propos recueillis par Antoine Pecqueur

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