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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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2e2m sur scène

2e2m sur scène - Critique sortie Théâtre
Légende : Cachafaz d’Oscar Strasnoy, dans une mise en scène de Benjamin Lazar. Crédit : Nathaniel Baruch

Publié le 10 janvier 2011

Pierre Roullier a engagé depuis plusieurs années l’ensemble 2e2m dans de nombreux projets scéniques. Le point sur les événements de la saison.

Avec l’irruption du théâtre musical, notamment dans les années soixante-dix (c’est alors, aussi, qu’est fondé 2e2m), les rapports entre la scène, la musique et le public ont changé. Pionnier dans ce répertoire, 2e2m se replonge régulièrement dans ce type d’aventure. « C’est une nécessité que la musique ne soit pas jalouse d’elle-même », déclarait Pierre Roullier en 2008, dans un entretien à La Terrasse. En 2008, il avait choisi de redonner deux œuvres emblématiques de Mauricio Kagel (1931-2008), compagnon de route de l’ensemble : l’une, Finale, fait de l’orchestre un théâtre, l’autre, Le Tribun, est à l’origine une « pièce radiophonique » qui a conservé, trente ans après sa création, sa verdeur réjouissante et inquiète. L’an dernier, c’est Mare Nostrum, toujours du compositeur argentin, que présentait Pierre Roullier. Chez Kagel – et cette œuvre, qui sera reprise le 31 mai à la Cité de la musique, ne fait pas exception – le geste est toujours musical, et la musique souvent gestuelle. Dans ce récit de « découverte, pacification et conversion de la région méditerranéenne par une tribu d’Amazonie », les deux chanteurs (Dominique Visse et Vincent Bouchot) sont secondés par six instrumentistes jouant de pas moins de quarante instruments (il faut bien se donner les moyens d’une description du monde). Quand la musique devient à ce point personnage, l’espace scénique et l’espace musical finissent par se confondre.
 
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Cherchant à renouveler le genre « opéra », 2e2m propose cette saison deux nouvelles œuvres. Oscar Strasnoy, en résidence auprès de l’ensemble en 2006, a composé Cachafaz sur un livret de son compatriote le dramaturge argentin Copi (1939-1987). Le compositeur quadragénaire a trouvé dans cette langue très vive la matière pour une « tragédie barbare » (on y transforme force policiers en saucisses), qui flirte autant avec le tango qu’avec le vérisme ou les joutes oratoires typiques des milieux suburbains d’Uruguay. L’œuvre, créée au Théâtre de Cornouaille de Quimper, poursuit sa route à l’Opéra Comique (13 et 14 décembre) puis à Bourges (11 janvier) et Saint-Étienne (20 janvier). La particularité de ce projet est d’avoir associé dès l’origine le compositeur, le metteur en scène Benjamin Lazar, le chef Geoffroy Jourdain et le chœur Les Cris de Paris. L’autre création, Chat perché (à partir du 12 mars à l’amphithéâtre Bastille), est un « opéra rural » d’après Marcel Aymé, où la musique de Jean-Marc Singier, le livret – adapté par Caroline Gautier – et la chorégraphie de Dominique Boivin sont, là encore, le fruit d’un travail commun. Caroline Gautier, qui signe également la mise en scène, dévoile le projet en ces termes : « Les animaux partagent avec les instrumentistes ce triste privilège : d’ordinaire, ils n’ont pas le droit á la parole. Mais comme Marcel Aymé dans Chat Perché leur a accordé le langage, les rendant, du coup, étrangement proches des humains, j’ai pensé les faire représenter par une petite fanfare. Pour ce faire, j’ai commandé au compositeur Jean-Marc Singier, orfèvre des cuivres et des vents, une musique pour ensemble constitué d’un tromboniste, d’un trompettiste, d’un clarinettiste, d’un saxophoniste et d’un percussionniste. Ces musiciens défileront en incarnant les animaux de la ferme, et comme eux, ils interviendront verbalement. » Familiers de l’œuvre très sérieusement fantaisiste de Jean-Marc Singier, les musiciens de 2e2m partageront la scène avec une poignée de chanteurs et d’artistes venus du monde du cirque.
 
J.-G. Lebrun

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