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Allant de l’intime à l’universel en creusant [...]
Guillaume Barbot accompagne le chanteur et comédien Zoon Besse dans la mise en forme d’un témoignage intime. Seul en scène, l’artiste déroule pour nous avec tendresse et générosité un fil rouge de son existence : sa relation au chanteur Jacques Higelin. Une ode douce-amère à la poésie et à la liberté.
Au Fenouil à Vapeur, où nous le découvrons au Festival d’Avignon, Et si je n’avais jamais rencontré Jacques Higelin est parfaitement à sa place. Déniché par le Théâtre du Train Bleu à la demande du metteur en scène Guillaume Barbot, qui tenait à donner à ce seul en scène un début d’existence loin des salles de théâtre, ce lieu associatif faisant à la fois bar, cantine solidaire, AMAP et salle de concert dégage un charme quelque peu hors du temps. Légèrement décalé, le chanteur et comédien Zoon Besse, la soixantaine sémillante, l’est aussi. Il n’y a qu’à le voir nous accueillir, l’air prêt à dégainer à la moindre occasion anecdote ou plaisanterie, tandis que l’on s’installe sur les chaises ou les ballots de paille installés à notre intention. Les quelques objets et éléments de scénographie confirment ce que le titre du spectacle laissait imaginer du personnage : une guitare, un ampli, quelques vinyles, une table et un portant où pendent quelques vêtements excentriques, suffisent à nous mettre sur la piste de la musique, du rock et du punk. Zoon Besse ne tarde pas à sceller un pacte avec nous : « Tout ce que je vais vous raconter m’est vraiment arrivé », dit-il en substance. On y croit d’emblée, et d’emblée l’on est séduit par la manière simple, directe, dont il nous livre son récit. Son aventure punk-rock, celle d’une génération.
Itinéraire d’un chanteur
Ce n’est pas la première fois que Zoon Besse met sa musique à l’épreuve d’un plateau de théâtre, et ça se voit. Co-fondateur avec le metteur en scène Guillaume Barbot de la compagnie Coup de Poker, dont toutes les créations mêlent théâtre et musique, il a créé avec lui Gainsbourg moi non plus, Club 27, Nuit, L’histoire vraie d’un punk converti à Trenet, Amour, Les Invisibles… Avant d’entrer dans le vif de son récit, le chanteur signale d’ailleurs cette complicité en s’adressant au metteur en scène. Elle fait partie intégrante du spectacle. S’il est indépendant des précédentes pièces de Coup de Poker, Et si je n’avais jamais rencontré Jacques Higelin prolonge un dialogue de longue date entre deux artistes de générations différentes. Le goût, la curiosité de Guillaume Barbot pour l’univers de Zoon Besse le mène à approfondir son geste en l’accompagnant ici pour la première fois dans une parole intime. Cette relation artistique existe alors en parallèle de celle que décrit Zoon Besse dans son seul en scène : son amour pour Jacques Higelin, depuis sa découverte du chanteur à l’âge de 15 ans, en 1975, jusqu’à aujourd’hui. En racontant très simplement, avec tendresse, cette tranche intime de vie de punk-rock pleine de fêtes, de bande de copains, de musique, de voyages mais aussi de drogue et de solitude, Zoon Besse rend un double hommage délicat et touchant à la musique et au théâtre, à leur force de transformation.
Anaïs Heluin
à 17h, relâche les 11 et 18. Tel : 04 90 82 39 06. www.theatredutrainbleu.fr. Également du 5 janvier au 31 mars 2023 au Théâtre de Belleville.
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Fidèle au théâtre pointu et insolite auquel [...]