La Terrasse

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Théâtre - Entretien

Electre / Oreste, d’après Euripide, mis en scène par Ivo van Hove

Electre / Oreste, d’après Euripide, mis en scène par Ivo van Hove - Critique sortie Théâtre Paris Comédie-Française
Le metteur en scène Ivo van Hove Crédit : Jan Versweyveld

d’après Euripide / mes Ivo van Hove

Publié le 27 mars 2019 - N° 275

Il y a trois ans, Ivo van Hove collaborait pour la première fois avec la troupe de la Comédie-Française en créant Les Damnés. Le metteur en scène flamand est de retour Salle Richelieu avec Electre / Oreste d’après Euripide : une exploration du processus de radicalisation de la jeunesse.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans votre première collaboration, en 2016, avec la Comédie-Française ?

Ivo van Hove : Le travail sur Les Damnés a été l’un des moments de répétition les plus chaleureux de ma vie. Bien sûr, la troupe de la Comédie-Française est composée d’excellents acteurs, mais ce qui est peut-être pour moi encore plus important, c’est que ces comédiennes et comédiens sont des aventuriers. Car ils acceptent, avec un grand esprit d’ouverture, de se lancer dans les défis que les metteurs en scène avec lesquels ils travaillent leur proposent.

En mettant en scène Electre et Oreste vous vous plongez une nouvelle fois – après Les Damnés, Les Choses qui passent, Vu du pont… – dans une histoire de famille…

I. v. H. : Oui, mais si Euripide parle des Atrides dans Electre et Oreste, il parle également de la société à laquelle cette famille appartient, ainsi que des interrelations qui se jouent entre cette société et cette famille. A travers ces deux pièces, que j’ai associées pour n’en faire qu’une seule (ndlr, l’adaptation scénique est de Bart Van den Eynde et Ivo van Hove), j’ai eu envie d’explorer le processus de radicalisation extrême à l’œuvre chez les personnages d’Electre, d’Oreste et de Pylade.

 « Euripide traite du thème de la radicalisation à travers une grande brutalité, un grand réalisme et une psychologie très raffinée. »

 Sur quoi se fonde ce processus ?

I. v. H. : Sur un sentiment de colère. Ces trois jeunes gens se sentent maltraités par la société dans laquelle ils vivent. Cette société, sur laquelle règnent des individus plus âgés, leur impose ses lois, sa volonté de rationalité. Eux, au contraire, donnent corps à l’impulsion très instinctive de violence et de vengeance qui naît en eux. Evidemment, ce processus renvoie de façon troublante à ce qui peut se passer de nos jours. Euripide traite du thème de la radicalisation à travers une grande brutalité, un grand réalisme et une psychologie très raffinée.

 Quelle relation entretenez-vous avec le théâtre antique ?

I. v. H. : Une relation très personnelle dans le sens où elle éclaire qui je suis. Je suis metteur en scène depuis 40 ans. Durant toutes ces années, j’ai vécu ma vie à travers mes spectacles. J’exprime ce que je ressens, ce que je pense du monde, des êtres humains, de l’évolution de notre société à travers les textes que je mets en scène. Ces œuvres m’inspirent, me permettent de m’exprimer. Donc, si l’on observe tous mes spectacles, on peut réussir à savoir qui je suis et ce qui m’a habité aux différentes périodes de mon existence. Mes choix de textes sont toujours très précis. Ces choix sont fondés sur des urgences personnelles qui, je l’espère, répondent aux mêmes urgences chez mes contemporains.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Electre / Oreste, d’après Euripide, mis en scène par Ivo van Hove
du samedi 27 avril 2019 au mercredi 3 juillet 2019
Comédie-Française
Place Colette, 75001 Paris

En alternance. Matinées à 14h, soirées à 20h30. Tél. : 01 44 58 15 15. www.comedie-francaise.fr

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