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Joël Dragutin adapte sur scène la palme d’or du festival de Cannes 2016. Moi, Daniel Blake, un film de Ken Loach sur la tragique destinée d’un chômeur anglais.
Pour ceux qui ne l’ont pas vu, que raconte, Moi, Daniel Blake ?
Joël Dragutin : C’est l’histoire de Daniel Blake, chômeur de 59 ans, ancien menuisier, en incapacité physique de travailler. Une contre-expertise médicale l’exclut du système d’indemnisations et l’oblige à retrouver du travail. Sur son chemin, il va rencontrer Katie, jeune mère isolée de 25 ans. Ils vont s’épauler dans la galère.
Vous en parlez comme d’une « tragédie universelle contemporaine » ?
J.D. : Si le film de Ken Loach ancre cette histoire dans un système précis, celui de l’Angleterre d’aujourd’hui, ce film raconte aussi comment le système néo-libéral à l’œuvre dans beaucoup de pays a déclaré la guerre aux pauvres et aux chômeurs. Avec les moyens du théâtre, une histoire dans un cadre précis prend facilement une dimension universelle. Ici, le fatum n’est pas porté par les dieux, mais par le système économique et social actuel.
Comment avez-vous adapté le film ?
J.D. : A part quelques ajustements, j’ai gardé le scénario d’origine écrit par Paul Laverty. Mais sur scène, nous ne cherchons pas le réel cinématographique. Le plateau sera quasi nu, avec peu d’accessoires, et simplement quelques photos et effets de sonorisation. Ce sont surtout les corps, les voix, les mots qui porteront cette histoire. Avec deux acteurs pour les rôles principaux, et cinq autres pour se partager une trentaine de rôles.
En cette période, évoquer la relégation d’une partie de la société fait-elle écho aux gilets jaunes ?
J.D. : Les gilets jaunes sont surtout des travailleurs pauvres. Ici il s’agit de l’histoire d’un chômeur. En décembre, plusieurs commentateurs, à propos d’une mesure du gouvernement sur le contrôle des chômeurs, ont estimé que Macron s’inspirait de Ken Loach. On est en pleine actualité, celle d’un monde du tout économique, d’obsession de la rentabilité, où les inégalités sont devenues insupportables. Mais aussi, avec Ken Loach, dans la peinture d’une classe sociale prolétaire où circule une grande solidarité.
Propos recueillis par Eric Demey
à 20h30, le 14 à 16h, le 18 à 19h30, matinées supplémentaires les 16 et 19 à 14h30. Tel : 01 34 20 14 14.
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