Rencontre croisée entre Angelin Preljocaj et Rachid Ouramdane pour Over Dance
Le corps vieillissant : voilà le thème qui a [...]
Jérôme Bel revient au Festival d’Automne avec un nouveau spectacle enthousiasmant, Danses pour une actrice (Valérie Dréville).
« Ces dernières années, j’ai principalement travaillé avec des amateurs et des actrices en situation de handicap et cela a été absolument merveilleux. Cependant, j’ai trouvé une limite à ce choix d’interprètes. En effet, ils veulent surtout s’amuser et avoir du succès, et c’est très bien ainsi, ils le méritent. Leurs productions performatives sont donc souvent empreintes d’une seule légèreté qui évacue la dimension tragique du théâtre qui m’est chère. J’ai donc réfléchi à l’idée de travailler à nouveau avec des professionnelles qui pourraient apporter plus de gravité à mes recherches. Cependant, j’ai toujours besoin d’une certaine vulnérabilité chez les interprètes avec lesquels je travaille. Aussi ai-je eu cette idée un peu surprenante de travailler sur la danse avec une actrice très expérimentée, ayant joué les grands rôles du répertoire théâtral occidental et donc capable de faire face à des états émotionnels et performatifs complexes et difficiles, tout en restant une amatrice en danse.
Tension entre langage et mouvement
La deuxième idée est celle de l’interprétation : l’actrice joue des personnages à partir de textes et j’ai pensé qu’elle pourrait travailler, de la même manière, les danses de certains chorégraphes de la modernité. Le projet est de travailler à partir de solos de la danse moderne ou contemporaine qui sont à mon avis aussi éloquents que certains textes du répertoire théâtral. Très vite, j’ai pensé à Valérie Dréville, qui me fascine depuis que je l’ai vue pour la première fois dans un spectacle de Claude Régy. Elle avait vu plusieurs de mes pièces et a accepté qu’on fasse des essais. Après quelques jours de recherches, il fut décidé d’un commun accord de faire une pièce ensemble. Nous avons alors travaillé, non pas le texte, mais la parole comme on peut travailler la danse, c’est-à-dire en improvisant et en performant. A l’inverse, nous avons cherché comment le langage pouvait produire de la danse. La tension entre langage et mouvement, entre imaginaire et physicalité, innerve tout le spectacle. »
Propos recueillis par Delphine Baffour
Les 7, 8, 13, 14 et 15 octobre à 19h30, les 9 et 16 octobre à 20h30, le 10 octobre à 18h30. Tél. 01 41 60 72 72. Durée : 1h30. Dans le cadre du Festival d’Automne à Paris.
Également du 19 au 26 novembre à La Commune, Aubervilliers, du 2 au 4 décembre à La Comédie, Valence.
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