Cri et Ga cherchent la paix
Entretien / Frédéric Maragnani
Théâtre du Rond-Point / de Philippe Minyana / mes Frédéric Maragnani
Publié le 2 mars 2013 - N° 207
Après Le Couloir (2004), Suite 1 (2007), Entente Cordiale (2008) et Sous les arbres (2011), Frédéric Maragnani poursuit son compagnonnage avec l’œuvre de Philippe Minyana en mettant en scène Cri et Ga cherchent la paix au Théâtre du Rond-Point. Une ode à la fraternité écrite pour les comédiens Christophe Huysman et Gaëtan Vourc’h.
Vous avez mis en scène plusieurs textes de Philippe Minyana. Qu’est-ce qui vous intéresse particulièrement dans l’écriture de cet auteur ?
Frédéric Maragnani : Après avoir écrit beaucoup de pièces d’intérieur, Philippe Minyana a, depuis quelques années, ouvert son théâtre aux champs du monde extérieur, du songe, du fantastique, de l’errance, de la promenade… Il s’est mis à créer des formes d’épopées contemporaines au sein desquelles des êtres se déplacent de lieux en lieux à travers le monde. Les questions de représentations que posent ces pièces m’intéressent beaucoup. L’épopée est une forme d’écriture qui a fondé le théâtre. Chercher la façon de s’en emparer aujourd’hui, au XXIème siècle, est quelque chose que je trouve passionnant.
Quelles sont les principales lignes de force qui composent le texte Cri et Ga cherchent la paix ?
Fr. M. : Cette pièce a été écrite pour Christophe Huysman et Gaëtan Vourc’h. Le titre a d’ailleurs été créé à partir des prénoms de ces deux comédiens. Dans Cri et Ga cherchent la paix, comme c’était le cas dans Sous les arbres, deux amis partent sur les routes du monde. En quête de paix, de repos, ils cheminent ensemble, contemplent des paysages, rencontrent des gens (ndlr, interprétés par Moustafa Benaïbout, Marion Camy-Palou et Juliette Savary) : dans une forêt, dans une maison, dans un pré…
« Dans l’écriture de Philippe Minyana, la psychologie est absente, elle laisse la place à l’organique. »
Cette pièce appartient à un théâtre de la parole, un « théâtre qui parle ». Le monde de Cri et Ga est créé par ce qui est dit, c’est-à-dire non seulement ce qui est adressé, mais également ce qui est pensé par les personnages.
Ce monde est quasiment dénué de psychologie…
Fr. M. : Oui. Et c’est quelque chose qui me séduit beaucoup. Dans l’écriture de Philippe Minyana, la psychologie est absente, elle laisse la place à l’organique. Les situations donnent corps à des formats très simples, très directs, comme des vignettes au sein desquelles la parole est immédiate, sans écran.
Quelle forme de représentation souhaitez-vous élaborer pour rendre compte de cette écriture ?
Fr. M. : Une représentation qui s’appuie sur des choses rapides, sur des objets simples, des objets au pouvoir d’évocation fort, que les comédiens détournent souvent de leur usage habituel. Je souhaite faire naître un théâtre de tréteaux, un théâtre forain, coloré, dont les interprètes évitent toute arrière-pensée pour privilégier un premier degré absolu. Cri et Ga cherchent la paix est une pièce très rythmique. Je crois qu’il faut l’aborder comme une partition à faire vivre. En gardant toujours à l’esprit que ce qui prend forme sur scène est davantage de l’ordre du rêve ou du cauchemar, que de l’ordre de la vérité.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
A propos de l'événement
Cri et Ga cherchent la paixdu mercredi 20 mars 2013 au dimanche 28 avril 2013
Théâtre du Rond-Point
2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris.
Du 20 mars au 28 avril 2013 à 21h, les dimanches à 15h30, relâche les lundis, ainsi que les 24 et 31 mars. Tél. : 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr. Pièce publiée par L’Arche Editeur.