Crash Park, la vie d’une île
Théâtre Nanterre Amandiers / conception et mes Philippe Quesne
Publié le 23 octobre 2018 - N° 270Deux ans après l’underground hilarant et poétique de La Nuit des taupes, Philippe Quesne est de retour avec Crash Park, qui suit les survivants d’un crash d’avion échoués sur une île.
Comment fait-on pour échapper à la mort quand son avion s’écrase ?
Philippe Quesne : C’est la magie du théâtre. Au théâtre, on a l’habitude de cohabiter avec des fantômes et de faire revivre les morts. De manière générale, l’art, le théâtre en particulier, est le seul endroit pour moi où l’on peut survivre aujourd’hui, dans une société qui court à la catastrophe.
Ce crash, c’est celui de notre société ?
P.Q. : On voit malheureusement que les catastrophes ne font que se multiplier et s’aggraver. Le crash d’avion, c’est aussi un clin d’œil au livre de Bruno Latour, Où atterrir ?, qui montre comment les gouvernants indiquent tous le Nord alors qu’on sait bien que c’est au Sud qu’il faudrait aller. Il faut sauver sa peau, alors on essaye de le faire dans la joie, avec ces mêmes personnages bienveillants qu’on retrouvait dans les épisodes précédents de la saga.
Ce travail s’inscrit donc dans la suite des précédents ?
P.Q. : On y retrouve beaucoup des acteurs traditionnels de la troupe, qui, naturellement, vieillissent. Il y a des dragons, qui vont avoir quelques problèmes pour s’envoler. Et l’île est une suite logique de la taupinière, la terre des taupes qui remonte crée des îlots. On croisera d’ailleurs des taupes au début du spectacle.
« L’essentiel vient des personnages, des acteurs. »
Vous dites regretter ne pas avoir pensé plus tôt à l’île comme lieu de vos spectacles. Pourquoi ?
P.Q. : L’île, c’est un espace un peu absurde. A la fois l’endroit où l’on va se reposer pour soi-disant s’éloigner de la civilisation et une terre d’exodes, de bagnes et de réfugiés. C’est aussi une situation qui permet au spectateur d’arriver chargé de références : Robinson, Jules Verne, James Bond et de nombreux récits de science-fiction. C’est la première fois que je bâtis un spectacle en commençant par la scénographie.
Quelle forme prendra-t-elle ?
P.Q. : Il y a un bassin avec quelques centimètres d’eau. Une plage, un monticule rocheux avec des palmiers, et aussi quelques bouts d’avion. On retrouve un exotisme de carton-pâte façon parc d’attractions. Un peu comme dans un film de Fellini. C’est aussi une île qui tourne, comme un manège, si bien que les rescapés y font une forme de surplace.
Comment construisez-vous un récit à partir d’une scénographie ?
P.Q. : L’essentiel vient des personnages, des acteurs. Nous sommes à un mois de la première et aux deux-tiers des répétitions. On a encore de nombreuses options scénaristiques ouvertes. Faut-il qu’on pose un problème au départ ? A quel point faut-il dramatiser ? Les rescapés vont-ils vraiment avoir envie d’être sauvés ? Répéter, c’est essayer des hypothèses. On ne va fixer les choses que dix jours avant la première.
Propos recueillis par Eric Demey
A propos de l'événement
Crash Park, la vie d'une îledu mardi 20 novembre 2018 au dimanche 9 décembre 2018
Théâtre Nanterre Amandiers
7 Avenue Pablo Picasso, 92000 Nanterre
à 20h30, le jeudi à 19h30, le samedi à 18h, le dimanche à 16h. Les 21 et 22 novembre et 7 décembre à 21h, relâche le lundi et les 4,5,6 décembre. Tel : 01 46 14 70 00.