Idio Chichava crée « Vagabundus », pour un corps global et puissamment expressif
Le chorégraphe mozambicain Idio Chichava [...]
Danse - Entretien / Dorothée Munyaneza
Pour le programme Chaillot Expérience #8 Rwanda, Ejo, dont elle est curatrice, la chorégraphe Dorothée Munyaneza, artiste associée, concocte un programme pluridisciplinaire à la rencontre de plusieurs artistes rwandais et issus de la diaspora.
Qu’avez-vous concocté pour ce Chaillot Expérience ? Dorothée Munyaneza : Je l’ai conçu comme une invitation à la rencontre de la création rwandaise. J’ai invité plusieurs artistes et artisans du Rwanda et de sa diaspora ; il s’agit, tout simplement, de personnes que j’aime, que j’admire, qui me touchent, qui m’enrichissent, qui me déplacent, à la fois humainement et artistiquement. Je dirais que c’est aussi une manière de rencontrer mon œuvre, à travers tout ce monde qui a de l’influence sur moi. Ils s’expriment dans le domaine des arts vivants, de la littérature, de l’écriture scénique et des œuvres plastiques. Ejo en, kinyarwanda, signifie « hier et demain ». Il me tenait à cœur de lier ces deux temporalités, alors qu’en 2024 aura lieu la commémoration des trente ans du génocide des Tutsis. Ce Chaillot Expérience est une célébration de la vitalité et de l’envie de vivre.
Quelle est votre relation à la scène rwandaise ?
D.M. : Depuis plusieurs années, je la suis, de près ou de loin, mais toujours avec l’envie de collaborer avec elle. Je suis très attentive au cinéma, qui est en ce moment très riche et foisonnant. Il est ancré dans le panafricanisme, dans la culture rwandaise. Du côté de la scène musicale, j’aime beaucoup le rap, notamment le Kinyatrap de Kigali, la musique traditionnelle rwandaise, la musique expérimentale ou encore le jazz. Je suis très inspirée par la jeune création, particulièrement audacieuse. Cette génération ose et n’attend personne pour le faire ! Comme toujours, je suis très attirée par les formes hybrides. Cette hybridité reflète la richesse créative du Rwanda et de sa diaspora, permet aussi une rencontre entre divers mondes. Comment débordent-ils les uns sur les autres ? Comment se ramifient-ils ? Je vais créer Umuko, du nom d’un arbre guérisseur, avec 5 jeunes artistes rwandais, danseurs, musiciens, poète.
En quoi cette expérience se relie-t-elle à un lieu de danse comme Chaillot ?
D.M. : La danse est non seulement présente dans les pratiques des artistes, mais elle l’est également à travers les déplacements et le mouvement propre à ce programme. Cette expérience nous déplace, dans les espaces du Palais de Chaillot à travers des déambulations, et aussi à l’intérieur même du corps. Je vais notamment proposer le solo Toi, moi, Tituba avec le musicien Khyam Allami à partir de textes d’Elsa Dorlin et Maryse Condé, récemment disparue, à la rencontre d’un passé tu. On se rend au Rwanda par le biais d’une traversée, d’un déplacement intérieur, d’une rencontre. J’ai envie que celles et ceux qui découvrent cette expérience en ressortent avec un goût autre dans le corps et dans la tête.
Propos recueillis par Belinda Mathieu
Umuko, le 15 mai à 19h30. Chaillot Expérience, du 16 au 18 mai 2024. Tél. : 01 53 65 30 00.
Le chorégraphe mozambicain Idio Chichava [...]