Frédérique Latu nous parle de l’édition 2024 des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis
Avec 35 équipes artistiques invitées dans 26 [...]
Alessandro Sciarroni, l’un des artistes italiens les plus passionnants de sa génération, nous livre une transe joyeuse sur fond de musique électro.
Depuis le projet Turning, qui comprend notamment TURNING_Orlando’version et ses rondes brillantes de technicité, Alessandro Sciarroni, est presque devenu un spécialiste de la giration, ainsi que de la réactivation de pratiques traditionnelles sous un prisme contemporain. Save the last dance for me est une sorte d’apogée qui croise ces deux axes de recherche. En effet, cette pièce a pour origine la polka chinata (polka penchée ou accroupie) née à Bologne au début des années 1900, dansée uniquement par des couples d’hommes, pour séduire les femmes qui la regardaient. Difficile, voire virtuose, elle était devenue dans les années 1960 pratiquée uniquement en compétition. Quand Sciarroni s’en empare, il ne reste plus que cinq danseurs à la connaître. Techniquement, c’est une danse en carré, aussi formelle qu’acrobatique, dans laquelle les deux hommes alternent petits pas et tours, seul ou à deux, puis tournent enlacés en pliant les genoux presque jusqu’au sol en se tenant les bras.
Une dernière danse
Il suffit alors d’une inflexion du mouvement, d’un sourire qui s’accroche aux lèvres, de regards qui se rencontrent pour que cette polka penchée devienne une inclination, un vertige amoureux, un vortex de l’étreinte. Et dans ses tours infinis, se déclinent les détours de la séduction et ses entrelacements, ou l’étourdissement des sens, tandis que la danse perdue, aujourd’hui retrouvée, et même sauvée peut-être, prend une tout autre tournure, en conjuguant le passé au présent tout en modifiant la nature du désir. Cette dimension du glissement sémantique en fonction du temps et des questions sociétales qui l’agitent est peut-être l’une des plus émouvantes de cette Last dance. Elle oblige à la relire littéralement, sous le biais d’une révélation transgressive en provenance d’un temps oublié, dépassant de loin la simple reconstitution, désorganisant les stéréotypes de genre. Save the last dance for me est une pièce attachante, sensible et terriblement « attractive ».
Agnès Izrine
à 19h et 21h30, (avec TURNING_Orlando’version à 20h15). Durée : 20 minutes. Tél. : 01 40 11 70 72. Dans le cadre des Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis.
Le Carreau du Temple, 4 rue Eugène Spuller, 75003 Paris. Le 18 mai à 15h15 et 17h. Tél : 01 83 81 93 30.
Théâtre de Châtillon, 3 rue Sadi Carnot, 92320 Châtillon. Le 21 mai à 20h30 (avec TURNING_Orlando’version). Tél : 01 55 48 06 90. Spectacle vu le 5 mars 2024 au CENTQQUATRE, Paris.
Avec 35 équipes artistiques invitées dans 26 [...]