La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2024 - Entretien / Jean-Paul Rouvrais

« Arthur. M » de David Bottet, adaptation des Microfictions de Régis Jauffret

« Arthur. M » de David Bottet, adaptation des Microfictions de Régis Jauffret - Critique sortie Avignon / 2024 Avignon Avignon Off. Artéphile
© DR Jean-Paul Rouvrais

Artéphile / Texte d’après Régis Jauffret / adaptation David Bottet / Mise en scène de Jean-Paul Rouvrais

Publié le 3 juin 2024 - N° 323

Jean-Paul Rouvrais met en scène le comédien David Bottet dans Arthur. M, adaptation par ce dernier des Microfictions de Régis Jauffret. Jeu, musique, lumière et son forment une performance qui interroge la place de la liberté et du déterminisme dans la construction d’un individu.

Vous rencontrez David Bottet en 2019, lorsqu’il monte votre pièce La mauvaise herbe. Pourquoi avoir décidé de mettre cette fois en scène son Arthur. M d’après Régis Jauffret, créant pour l’occasion le collectif SEDNA ?

Jean-Paul Rouvrais : Après La mauvaise herbe, David est venu voir ma pièce Mina que j’ai moi-même mise en scène. C’est là qu’il m’a parlé de son projet d’adaptation des Microfictions de Régis Jauffret sur lequel il travaillait depuis de nombreuses années. L’esthétique de David étant très éloignée de la mienne – son travail est beaucoup plus réaliste que le mien –, je lui ai proposé de faire un essai de dix jours. La rencontre a été passionnante, alors je n’ai plus hésité !

Quel est le parti pris d’adaptation de David Bottet du texte de plus de 1000 pages de Régis Jauffret, fait de 500 microfictions ? Et en quoi cela rencontre-t-il votre univers ?

J-P.R. : David Bottet a eu l’idée de réaliser un montage de différents extraits de microfictions de manière à raconter l’histoire d’un seul homme, Arthur M, qui a commis un crime. Sa vie est racontée à l’envers : par fragments, la pièce commence alors qu’il a 92 ans et remonte à ses cinq ans. Arthur M. pose ainsi une question récurrente dans l’œuvre de Régis Jauffret : celle de la liberté de l’être humain, de sa capacité à se construire hors de tout déterminisme. Mon théâtre est traversé par la croyance dans le fait que l’art et l’imaginaire sont des moyens d’y arriver.

« Le théâtre qui m’intéresse entretient d’abord un rapport physique avec le spectateur. »

Est-ce pour cela que dans votre mise en scène, David Bottet qui incarne Arthur M est entouré du musicien Stéphane Minéot et du créateur lumière Manuel Leroueil ?

J-P.R. : Tout à fait. L’idée est de mettre en scène une expérience que nous mènerions sur la personne d’Arthur M, pour essayer de mettre à jour ses traumatismes, ce qui a pu le mener à son crime… Les interventions visuelles et sonores, réalisées à vue, contribuent à amener l’acteur dans les différents états de corps que je recherche. Le corps de l’acteur doit pouvoir susciter des sensations chez le public. Car le théâtre qui m’intéresse entretient d’abord un rapport physique avec le spectateur.

Quel type de sensation souhaitez-vous produire chez lui ?

J-P.R. : L’association d’un jeu proche de la danse, de la lumière et de la musique est pour moi une façon de réveiller une mémoire occultée du spectateur. La référence qui a guidé mon travail est l’œuvre du peintre Francis Bacon : comme lui qui n’anticipait pas son geste, nous cherchons à partir de la sensation pour aller vers la compréhension.

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Arthur. M
du samedi 29 juin 2024 au dimanche 21 juillet 2024
Avignon Off. Artéphile
7 rue Bourgneuf, 84000 Avignon

à 18h15. Relâche les 2, 9 et 16 juillet. Durée : 1h05. Tel : 04 90 03 01 90. https://artephile.com/

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