« Prends garde à toi ! », adaptation de Carmen en théâtre musical contemporain
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Avignon / 2024 - Entretien / Jean-Christophe Folly
Pour parler de ceux qui ne se reconnaissent dans rien et qui attendent ou espèrent être révélés à eux-mêmes, Jean-Christophe Folly interroge son histoire et notre époque, ivre d’assignation.
De quelle question ce spectacle est-il né ?
Jean-Christophe Folly : De celle de savoir s’il est possible de vivre sans appartenance, comme nu sur la banquise, ou si, quoi qu’on fasse, on est toujours renvoyé à une identité. Chaque spectateur trouvera sa propre réponse : pour ma part, j’essaie de poser la question. Au départ, je voulais raconter les différentes manières de vivre la culture de ses parents, dans la reproduction ou la rébellion. J’ai ensuite déroulé le fil de la réflexion sur l’appartenance. Emmanuelle Ramu a été une guide précieuse : son regard extérieur et son côté punk m’ont permis de rester sur le fil de la question, sans me laisser dépasser par la colère ou la fierté. Je suis parti de ma propre histoire, mais j’ai l’impression que d’autres personnes peuvent s’y reconnaître, peu importe la couleur, l’origine ou la classe. Que reproduit-on de ce dont on a hérité ? Tout le monde est amené à se poser cette question.
S’agit-il d’un texte politique ?
J.-C.F. : J’ai du mal avec la politique ou le militantisme. Disons que je ne m’y connais pas assez. Mais admettons qu’à partir du moment où l’on parle de la vie, c’est politique ! Je n’ai pas la prétention de parler de façon générale, ni de la situation faite aujourd’hui aux migrants ; je raconte seulement l’histoire d’un homme qui a la flemme de se faire à manger, qui va au kebab et y croise le regard d’une femme. Salade, tomate, oignons : ce sont des ingrédients du kebab, ce truc qui rassemble, dans cet endroit que tout le monde fréquente. Deux personnages sont face à face et ont des relations diamétralement opposées à leurs ancêtres. Avoir un terroir, c’est un peu comme vouloir un enfant, c’est ambigu comme question : on se demande toujours si c’est notre corps qui le désire ou la société qui nous l’impose. La société actuelle nous force à choisir son camp. J’essaie de m’y débattre pour voir si c’est possible de n’appartenir à rien.
Propos recueillis par Catherine Robert
à 20h15. Relâche le mardi. Tél. : 04 32 74 18 54 / 07 53 37 88 30 / chajar.chams@gmail.com
Durée : 1h.
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