Terminal (L’État du monde) d’Inês Barahona et Miguel Fragata
Nourri de multiples sources, ce second volet [...]
David Gauchard, Cédric Dorier et Denis Lavalou révèlent au présent du théâtre la pensée de Giordano Bruno (1548-1600), remarquablement libre, audacieuse et empirique. Le spectacle rend justice avec finesse et maîtrise à un penseur visionnaire, condamné au bûcher par l’inquisition.
« Mes livres, c’est mon corps, mon immortalité. » affirme Giordano Bruno, né en 1548 dans un village au pied du Vésuve, mort brûlé vif le 17 février 1600 par le Saint-Office pour ses thèses hérétiques, après avoir été emprisonné sept ans par l’inquisition romaine. Fabriqué ici et maintenant en s’appuyant sur le corpus d’écrits nourris par une phénoménale liberté de pensée, cette pièce de théâtre redonne à sa manière vigueur et visibilité à l’immortalité de son esprit, quoique Bruno demeure moins célèbre que Galilée ou Copernic. Témoignage à la première personne, l’adresse au public sobre et précise se joue au présent, célébrant la jouissance de la pensée et de l’observation empirique, l’aplomb de la vérité et de l’audace intellectuelle. Quelle révolution de reconnaître l’infinité de l’univers, de penser une éthique universelle, de célébrer et observer l’organisation du vivant… « La loi des lois, c’est la fluctuation, la relativité », énonce-t-il, visionnaire.
Au présent du théâtre, éloge de la liberté de pensée
Le récit retraverse la vie du moine dominicain devenu pérégrin parcourant l’Europe en proie aux guerres de religion, menacé par toutes les inquisitions – catholique évidemment, mais aussi calviniste, anglicane et luthérienne. Parfois le public se fait assemblée d’un amphithéâtre d’université, foule entourant le bûcher, membres du tribunal de l’inquisition… Giordano Bruno rencontre lors de scènes bienvenues le roi français Henri III, Elisabeth 1ère d’Angleterre et le jeune astrophysicien allemand Johannes Kepler. Sur un plateau nu dénué d’éléments historiques, structuré par les arêtes d’un cube, deux comédiens l’interprètent avec talent : l’un jeune, Cédric Dorier, l’autre plus âgé, Denis Lavalou, qui signe aussi le texte. La mise en scène maîtrisée de David Gauchard fait résonner les mots puissants au présent du théâtre, dans une actualité atemporelle qui transcende les contextes historiques. Contre l’obscurantisme, le fatalisme et les fanatismes, Giordano s’élève et ouvre les esprits.
Agnès Santi
à 14h15, relâche le dimanche. Tél. : 04 86 34 52 24. Durée : 1h20.
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