La Ribot et Asier Puga présentent « Juana Ficciòn »
C’est une figure féminine historique [...]
Avignon / 2024 - Entretien / Samuel Churin
Céline Roux a adapté, avec Alice Faure, les lettres de François Mitterrand à Anne Pingeot. Elle les interprète avec Samuel Churin, en faisant de la conquise amoureuse une conquérante de sa liberté.
Pourquoi et comment ce projet d’adaptation ?
Samuel Churin : À l’origine du projet initié par Céline Roux, il y a d’abord un choc esthétique lié à la beauté de l’écriture mais surtout à cette histoire folle, qui raconte le choix délibéré d’une vie dans le secret, par amour. Anne choisit ce qui lui arrive : c’est une histoire de liberté. En vivant cet amour, elle s’arrache à un milieu conservateur et catholique qui la destine à une vie rangée, qu’elle refuse, au risque de l’opprobre et du scandale. Elle est libre du début à la fin, très amoureuse, affirmant que Mitterrand a été le seul homme avec lequel elle ne s’est jamais ennuyée. Nous n’avons évidemment pas pour ambition de les imiter mais de raconter une histoire d’amour particulière, qui pourrait être celle de beaucoup de gens qui vivent dans le secret.
Quel exercice pour l’acteur ?
S.C. : Il s’agit d’incarner un dialogue au présent à partir d’un texte très écrit qui n’a pas été pensé pour être joué. C’est un échange entre deux amoureux qui vivent les affres de la passion, de la séparation, des tensions, de l’apaisement : l’incarnation d’une très longue histoire d’amour avec ses pleins et ses déliés, un peu comme si ces deux amants se parlaient au téléphone, autour d’un lit ou sur un canapé. Avec Céline, nous nous sommes emparés de ce texte comme un scénario ou un texte de théâtre à rendre vivant. Alice Faure le met en scène avec beaucoup de talent. Mariejo Buffon a chorégraphié quatre instants amoureux, comme des respirations oniriques, sur les musiques originales composées par Niki Demiller. Marie-Christine Barrault et Pierre Forest ajoutent leurs voix aux nôtres.
Comment jouer à Avignon dans le marasme actuel ?
S.C. : En tâchant de se relever de l’immense claque que vient de subir le service public de la culture, au lendemain de la plus grosse coupe budgétaire de toute l’histoire du spectacle vivant. 200 millions d’euros en moins dont 96 en moins pour la création ! Après les licenciements invisibles des intermittents liés à la restriction contrainte du nombre de représentations, va venir le temps des licenciements visibles, ceux des permanents des théâtres. Nous sommes aujourd’hui dans une situation d’abandon et de trahison de l’esprit de la décentralisation et de la démocratisation théâtrales.
Catherine Robert
à 11h ; relâche le mardi. Tél. : 04 90 86 17 12. Durée : 1h15.Lire aussi notre critique dans ce même numéro.
C’est une figure féminine historique [...]
Fida Mohissen et Rami Rkab, précisément et [...]