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Avignon / 2024 - Entretien / Séverine Chavrier
Après son adaptation des Palmiers Sauvages, créée il y a dix ans, Séverine Chavrier revient à l’œuvre de William Faulkner avec Absalon, Absalon ! Un roman que la directrice de la Comédie de Genève porte à la scène par le biais de l’univers pluridisciplinaire qui est le sien : à la croisée du théâtre, de la musique, de la littérature et des arts visuels.
Pourquoi, après Les Palmiers Sauvages, revenir aujourd’hui à l’écriture de William Faulkner ?
Séverine Chavrier : Les Palmier Sauvages est un texte un peu particulier dans l’œuvre de cet écrivain. Après ce premier travail, je me suis dit que je n’avais pas vraiment touché les vraies questions faulknériennes, qui dessinent une certaine histoire des États-Unis en passant notamment par la belle question de la légitimité américaine que soulève Édouard Glissant. Cette légitimité est impossible, car ce pays a été fondé sur deux viols : l’esclavage des Noirs et la spoliation des terres des Amérindiens.
Comment cette question transparaît-elle dans Absalon, Absalon ! ?
S.C. : Elle transparaît à travers l’histoire d’une famille blanche qui s’autodétruit. Ce que j’aime chez Faulkner, c’est sa puissance humaine, sa capacité à plonger dans l’humanité la plus rude, la plus profonde. Les courants de conscience qu’il déploie nous parlent des obsessions des êtres. La question de l’enfance est très présente et les personnages de femmes sont magnifiques…
La façon dont vous portez au théâtre les œuvres littéraires procède généralement davantage de la mise en perspective de motifs que d’une avancée narrative linéaire. Est-ce, une fois encore, la manière dont vous procédez ?
S.C. : Oui. La non-littéralité est ma façon d’être fidèle aux œuvres que je mets en scène. Pour moi, le saut au théâtre doit créer un autre objet, ce qui bien sûr peut être déceptif pour les spectateurs qui attendent le texte tel qu’ils le connaissent. Ce qui m’intéresse, c’est de trouver une dramaturgie qui raconte quelque chose de l’endroit où je me situe, qui éclaire l’endroit d’où je parle. Dans Absalon, Absalon !, cette dramaturgie rejoint la question du père, du patriarcat et du système d’exploitation qui en découle.
De quelle façon construisez-vous vos spectacles ?
S.C. : Je travaille beaucoup à partir d’improvisations, avec le son comme premier media, avec des hypothèses de scénographie… Je donne une aire de jeu aux interprètes et, ensuite, j’essaie de comprendre l’endroit où le texte, l’histoire, l’espace et les éléments scénographiques résonnent en eux. Après, je mets en forme tous ces éclats et, pour Absalon, Absalon !, toutes les temporalités. Car, chez Faulkner, la coexistence des temps est vraiment importante. Dans mes mises en scène, la structure musicale et rythmique est centrale. Je commence et je termine très souvent par le son. La musique détermine la temporalité du spectacle, ainsi que son énergie.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
à 16h, relâche le 2 juillet. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 4h30.
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