La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon - Critique

« Diego » un touchant marathon existentiel mis en scène par Barthélémy Fortier avec Hugo Randrianatoavina

« Diego » un touchant marathon existentiel mis en scène par Barthélémy Fortier avec Hugo Randrianatoavina - Critique sortie Avignon / 2024 Avignon Avignon Off. La Luna
Hugo Randrianatoavina dans Diego, d’Alexandre Cordier. © Laurent Charrier

La Luna / adaptation Alexandre Cordier / mise en scène Barthélémy Fortier

Publié le 4 juin 2024 - N° 323

Seul en scène, Hugo Randrianatoavina interprète joliment le touchant marathon existentiel mis en scène par Barthélémy Fortier et écrit par Alexandre Cordier. Diego, qui porte le même prénom que Maradona, avance, grandit, s’efforce d’apprivoiser ses fragilités et ses fantômes.

C’est un seul en scène sportif, vif, combatif : sur un tapis de course, Diego court après son destin, goûte le plaisir du mouvement, désire comprendre, s’extirper de ses fragilités, ne plus avoir honte de ses échecs, ne plus     avoir honte tout court… Trouver sa voie ? Contrairement à ce que son père espérait, ce ne sera pas le foot, mais le théâtre. Diego court et livre son histoire, de ses 6 ans à ses 20 ans. Fils d’un père fan de foot, il est né dans la banlieue de Rouen le 12 juillet 1998, fameux jour où la France fut sacrée championne du monde. L’idée originale nourrie du vécu de chacun est venue du metteur en scène Barthélémy Fortier et du comédien Hugo Randrianatoavina, qui ont ensuite fait appel à l’auteur Alexandre Cordier, qui s’est glissé dans la peau d’un autre pour fabriquer la partition textuelle. Le comédien réussit à nous embarquer dans cette aventure autofictionnelle qui traverse les thématiques de l’émancipation, du libre-arbitre, des héritages, de la réussite…  Des enjeux qui ne s’inscrivent pas dans des sillons idéologiques mais qui demeurent des apprentissages complexes, qui ont besoin de temps additionnels.

Un match où les gringalets trouvent leur place

La mise en scène parvient à donner du poids aux fantômes, à dépasser le déroulé des faits pour faire entrer la puissance de l’imaginaire sur la scène. Pour agrandir le champ, outre l’histoire en soi, est conviée en toile de fond une figure phénoménale. Enfant des quartiers pauvres et gloire planétaire, le joueur de génie Diego Maradona, dieu du foot, d’Argentine et de Naples, connut le sommet puis une déchéance grotesque, infiniment triste. « J’ai pas lu Proust ou Kant ou tous ces gens que j’ai pas lu. J’ai Maradona qui me colle à la putain de peau quand je marche dans la rue… » confie Diego à un jury de concours afin d’intégrer le Conservatoire. Avec les fantômes de son enfance qui lui colle aux basques, Diego est très attachant, empli de fragilité puis déterminé à ne plus être spectateur de sa vie. Si Maradona a connu une fin tragique, le match de la pièce n’en fait pas une figure écrasante. Sans pour autant devenir insensibles, les gringalets peuvent eux aussi, à leur manière, se construire un avenir d’athlète, sur un terrain ou sur une scène.

Agnès Santi

A propos de l'événement

Diego
du samedi 29 juin 2024 au dimanche 21 juillet 2024
Avignon Off. La Luna
1, rue Séverine, 84000 Avignon

à 20h05, relâche le lundi. Tél. 04 12 29 01 24. Durée : 1h10.

x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur Avignon

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur Avignon en Scènes