La Terrasse

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Théâtre - Critique

Nietzsche, Zarathoustra et autres textes

Nietzsche, Zarathoustra et autres textes - Critique sortie Théâtre Paris Maison de la Poésie
Crédit Photo : Philippe Ulysse Légende : Laurence Mayor interprète Nietzsche, à la Maison de la Poésie.

CRITIQUE
Maison de la Poésie / de Friedrich Nietzsche / jeu et conception de Laurence Mayor

Publié le 27 novembre 2012 - N° 204

Après le succès de Nietzsche, Zarathoustra et autres textes la saison dernière, à la Maison de la Poésie, Laurence Mayor replonge dans les écrits du penseur allemand. Une proposition pleine d’évidence, entre souffle et corporalité poétiques.   

Tout commence dans une obscurité absolue, au sein de la petite salle voûtée de la Maison de la Poésie. La voix de Laurence Mayor s’élève, ronde, dense, équilibrée. Pourtant, la comédienne n’est pas encore là, devant les trois rangées de spectateurs venus assister à Nietzsche, Zarathoustra et autres textes. Quelques minutes plus tard, sa silhouette en contre-jour emprunte, lentement, comme s’il s’agissait de mesurer chacun de ses pas, un petit passage menant à l’espace scénique. Ce faisant, Laurence Mayor continue de dire De la vision et de l’énigme, premier des six textes qui composent cette balade nietzschéenne (cinq extraits de Ainsi parlait Zarathoustra et un texte surprise choisi, le soir même du spectacle, parmi les écrits du philosophe). Durant un peu plus d’une heure, celle dont la carrière fut marquée par quelques-unes des grandes créations de Valère Novarina sculpte, malaxe, éclaire la matière vive de pensées puisant leur force tant dans la philosophie que dans la poésie.

Une corde par-dessus un abîme

L’une des grandes réussites de ce travail est de permettre un accès simple, presque évident, à un auteur réputé difficile. A travers la voix et la présence scénique de Laurence Mayor, les grands thèmes d’Ainsi parlait Zarathoustra se déploient dans toute leur vérité. Une vérité humaine, charnelle, lumineuse. Jouant de toutes sortes d’images en clair-obscur (les lumières sont de Philippe Ulysse), la comédienne fait varier les registres de l’adresse et de la proximité. Appuyée à un mur, puis à un autre, les yeux dans les yeux avec les spectateurs ou dans une forme de distance introspective, elle fait naître un espace-temps théâtral d’une belle intensité. « L’homme est une corde tendue entre l’animal et le surhumain, écrit Friedrich Nietzsche au sein du Prologue de Zarathoustra, une corde par-dessus un abîme ». En donnant corps de si jolie façon aux mots du philosophe, en leur conférant une dimension pleinement organique, Laurence Mayor se fait elle aussi corde. Une corde tendue entre le spectateur et le poète-penseur, par-dessus l’abîme de l’incompréhension.

 

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Nietzsche, Zarathoustra et autres textes
du mercredi 21 novembre 2012 au dimanche 16 décembre 2012
Maison de la Poésie
Passage Molière, 157 rue Saint-Martin, 75003 Paris

Du mercredi au samedi à 20h, le dimanche à 16h. Durée de la représentation : 1h05. Tél. : 01 44 54 53 00. www.maisondelapoesieparis.com.
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