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Home - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l’Oeuvre
Le metteur en scène et comédien Gérard Desarthe. Crédit : Brice TOUL

Théâtre de l’Œuvre / de David Storey / mes Gérard Desarthe

Publié le 21 septembre 2015 - N° 236

Après la remarquable mise en scène signée par Chantal Morel en 2012*, le comédien et metteur en scène Gérard Desarthe s’empare à son tour de Home, de l’auteur britannique David Storey (dans une traduction de Hazel Carr). 

Quel a été le point de départ de votre envie de mettre en scène Home ?

Gérard Desarthe : C’est un vieux projet. Je connais cette pièce depuis une quinzaine d’années. Elle m’a toujours fait rire. La mettre en scène, aujourd’hui, est l’occasion de retrouver sur scène Carole Bouquet dans une comédie (ndlr, aux côtés de Vincent Deniard, Valérie Karsenti et Pierre Palmade), dans une pièce plus drôle et plus légère que Dispersion**, de Harold Pinter, que nous avons interprétée ensemble, la saison dernière, au Théâtre de l’Œuvre.

« C’est une pièce très anglaise, très British : on est souvent dans le non sens, pas loin du théâtre de l’absurde. »

Home est en effet une comédie, mais qui développe un univers extrêmement particulier, plein d’étrangeté…

G. D. : Oui, bien sûr. Les personnages de cette pièce sont des inadaptés, des misfits comme les appelle David Storey. Home nous plonge en plein cœur de la comédie humaine. On n’est pas loin de Bouvard et Pécuchet, de Mercier et Camier. Ces gens se parlent mais ne se comprennent pas, s’écoutent mais ne s’entendent pas. Car ils ne se rendent pas compte qu’ils sont proches de la folie… On a affaire à une petite humanité qui renvoie à une critique virulente de l’Angleterre des années 1970. David Storey n’est pas tendre avec son pays, pas plus qu’avec ces gens, qui n’ont pas beaucoup d’avenir. Home est une pièce très anglaise, très British : on est souvent dans le non-sens, pas loin du théâtre de l’absurde.

Pourquoi avez-vous choisi d’utiliser une nouvelle traduction de cette pièce plutôt que celle écrite par Marguerite Duras ?

G. D. : Parce qu’il me semble que la traduction de Marguerite Duras ne rend pas vraiment compte du style anglais de la pièce, de la dimension de non-sens dont je viens de parler. L’univers de Marguerite Duras n’est ni celui d’Eugène Ionesco, ni celui de Samuel Beckett. Or, théâtralement, la pièce de David Storey se situe beaucoup plus du côté de Beckett ou de Ionesco que de Marguerite Duras. Et puis sa traduction contient beaucoup de coupures. J’ai ressenti le besoin de travailler sur un texte plus proche de la version originale. J’ai donc demandé à une amie anglaise, la comédienne Hazel Carr, de retraduire Home avec moi afin de retrouver le ton anglais de la pièce – un ton selon moi plus juste, plus riche, plus proche du théâtre de la dérision vers lequel je souhaite orienter ce spectacle.

* Critique publiée dans La Terrasse n° 197, avril 2012.

** Critique publiée dans La Terrasse n° 224, octobre 2014.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

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du mardi 20 octobre 2015 au vendredi 20 novembre 2015
Théâtre de l’Oeuvre
55 Rue de Clichy, 75009 Paris, France

Du mardi au samedi à 21h, matinées le samedi à 18h et le dimanche à 15h. Tél. : 01 44 53 88 88. www.theatredeloeuvre.fr

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