Yoann Bourgeois, artiste associé de la 12ème édition de DanSe en mai, en septembre 2021 à Brive et Tulle

Comme l’année dernière DanSe en mai, qui n’a pu avoir lieu au printemps, refleurit à l’automne. Imaginé cette saison avec la complicité de Yoann Bourgeois, le festival de l’Empreinte, Scène nationale Brive-Tulle, laisse pour sa 12^ème édition une large place aux arts de la piste. Opérant de « joyeux décloisonnements », il se propose dehors, dedans, de « ré-enchanter notre rapport à l’espace ». Le directeur du CCN de Grenoble s’y emploie avec ses fameuses Tentatives d’approches d’un point de suspension. Dans le parc des Pérrières, il offre un parcours composé de cinq pièces dont le si poétique Fugue trampoline, qui le voit chuter ou s’envoler vers un escalier ne menant nulle part. Dans le même lieu, il convie le public à expérimenter un plateau instable lors d’un atelier participatif. Enfin, alors que Milena Forest dédie une exposition à son processus créatif, il crée sa première installation plastique qui, intitulée I did, did I ?, « met en mouvement un ballet de chaises, se déconstruisant et se reconstruisant sans fin ».

Un festival multidisciplinaire

Elle aussi circassienne, mais adepte de la corde lisse, Inbal Ben Haim propose deux versions – in situ et en salle – de Racine(s). Israélienne installée en France, elle y évoque en nomade sa terre natale. L’équilibriste Olivier Debelhoir, lui, avec L’Ouest loin poursuit sa traversée aux confins de l’absurde, quand Boris Lozneanu dresse dans son Portrait de quelqu’un qui fait quelque chose de longs mâts et six cordes. Le Groupe Bekkrell narre en duo dans Marcel.le & Claude l’histoire d’une rencontre, animale, entre doux corps à corps et portés périlleux, et Claudio Stellato avec Work continue de travailler le bois, mettant le plateau sens dessus dessous avec l’humour qui le caractérise. La danse a elle aussi droit de cité, bien sûr. Vincent Dupont reprend l’emblématique Hauts Cris (miniature) dans lequel il répond au poème d’Agrippa d’Aubigné Tragiques par un long cri de révolte, tandis que Vania Vaneau présente sa toute dernière pièce Nebula. Dans ce solo où son corps se mêle aux éléments, elle invente des rituels cathartiques et une « science-fiction préhistorique ». Une déambulation poétique des Souffleurs, une balade musicale des Chanteurs d’oiseaux, une soirée Danser en amateur et la projection du film Les Grands fantômes complètent ce réjouissant programme.

Delphine Baffour