Plus léger que l’air
Elizabeth Macocco et Quentin [...]
Avignon / 2017 - Entretien / Marianne Piketty
La violoniste Marianne Piketty, soliste internationale, directrice musicale de l’ensemble Le concert idéal et professeur au CNSM de Lyon, présente un magnifique programme de saisons partagé entre Vivaldi et Piazzolla et mis en mouvement par le chorégraphe Jean-Marc Hoolbecq. Une bouffée d’air(s).
Quel est le projet artistique du Concert Idéal ?
Marianne Piketty : On envisage le concert différemment pour repousser nos limites artistiques et amener de nouveaux publics à la musique classique. Le Concert Idéal, c’est ma rencontre avec quinze musiciens d’horizons variés. A partir de cette diversité et de la mise en commun de toutes nos connaissances, de toutes nos ressources, nous explorons la musique sous toutes ses coutures, voyageant du Moyen-Âge à la création contemporaine.
Dans ce programme joué à Avignon, vous rapprochez les célèbres Quatre saisons de Vivaldi et celles moins beaucoup connues d’Astor Piazzolla…
M. P. : Les Quatre Saisons de Vivaldi sont des chefs-d’œuvre que nous croyons tous connaître. Elles possèdent cependant une richesse qui est inépuisable. Leur interprétation comme l’écoute du public peuvent être sans cesse renouvelées. Il y a dans ces œuvres une émotion immédiate et une autre qui se déploie progressivement, qui nous touche plus profondément, qui nous immerge dans le rapport de l’homme à la nature. Ces saisons parlent de la beauté du monde, de l’homme dans l’infiniment grand, elles nous parlent de ce qui est essentiel. Les Saisons de Piazzolla sont au contraire urbaines, contemporaines, sensuelles et presque révoltées. Elles génèrent une émotion viscérale. Nous avons choisi d’offrir une transcription des Saisons de Piazzolla qui intègre des citations de Vivaldi. Par exemple, l’hiver de Vivaldi s’invite dans l’été de Piazzolla et ainsi de suite… Les Saisons s’entremêlent, s’entrechoquent, s’étreignent, se fondent pour nous rappeler qu’il ne faut pas s’enfermer, que rien n’est figé, que l’émotion est dans la différence, dans la diversité.
« Les Saisons s’entremêlent, s’entrechoquent, s’étreignent, se fondent… »
Le concert est mis en scène. Pourquoi ?
M. P. : Nous voulions aller plus loin. Vivre la musique, l’interpréter de tout notre être, l’offrir à voir et à écouter. Ces Saisons de Vivaldi et Piazzolla forment un seul corps qui ne demande qu’à bouger et à être mis en lumière. Nous serons un des rares spectacles de musique classique au Festival d’Avignon, ce qui est un défi pour notre jeune ensemble mais aussi une chance, une occasion unique de toucher de nouveaux cercles d’écoute. Nous espérons attirer des mélomanes inattendus et leur livrer une interprétation que nous avons souhaitée engagée. Que chacun puisse découvrir ou redécouvrir ces chefs-d’œuvre qu’on ne connaît jamais totalement.
Propos recueillis par Jean-Luc Caradec
(relâche le lundi) à 11h50. Tél. : 04 90 82 74 42.
Elizabeth Macocco et Quentin [...]