Vivace ! mise en scène de Luna Rousseau et Nathan Israël

C’est il y a un an, en décembre 2020, que Vivace ! aurait dû être présenté sous le Grand Chapiteau de l’Académie Fratellini. Crise sanitaire oblige, ce spectacle d’école que les deux cofondateurs de la Compagnie de cirque Le Jardin des Délices ont mis en scène et co-écrit en collaboration avec les huit jeunes artistes présents sur la piste (étudiants aujourd’hui en troisième année de l’Ecole supérieure de l’Académie Fratellini) a été reporté pour être créé cette saison. La Belge Erika Matagne, l’Equatorien Christian Padilla Angulo, l’Allemande Cecilia Stock ainsi que les Français Anton Euzenat, Victoire Godard, Aimé Rauzier, Johnson Saint-Félix et Jérémy Salar ont ainsi remis leur ouvrage sur le métier. Ils ont poursuivi leur apprentissage en attendant de pouvoir faire étinceler publiquement les éclats d’une création qui prend, de bout en bout, le parti du jeu et de l’exultation. Conçu par Nathan Israël et Luna Rousseau comme « une célébration de la persévérance à faire et à refaire, à trouver de la joie dans l’infime détail, à tenter l’impossible », Vivace ! nous ouvre les portes d’un monde touchant et drôle.

Les élans de la jeunesse

Touchant, car les élans de la jeunesse ont toujours quelque chose d’un absolu, d’une droiture, d’une générosité qui créent un lien intime, profond avec le public. Drôle, car la distance humoristique est le fil rouge qui relie entre eux quasiment tous les numéros du spectacle. Il y a, aussi, quelques moments de pure beauté et de pure grâce, mais ils se laissent rapidement déborder par la cocasserie d’une adresse, par la pitrerie d’un personnage qui vient réaffirmer les droits du rire et de la dérision. A travers toutes sortes d’atmosphères et d’inspirations, Vivace ! confère beaucoup de chair et d’humanité aux numéros de voltige, d’acrobatie, de trapèze, de jonglerie, de clown, d’équilibrisme qui le composent. Loin d’une proposition froidement technique et performative, le Cirque de Noël 2021 de l’Académie Fratellini joue avec tous les aléas du présent de la représentation. Pleinement circassiens, mais également un peu comédiens, danseurs et improvisateurs, les huit élèves qui s’illustrent dans ce réjouissant patchwork font honneur à l’art bâtard, hybride et anticonformiste que souhaitent servir, au sein de la Compagnie Le Jardin des Délices, leurs deux metteurs en scène.

Manuel Piolat Soleymat