Festival Wet°, tremplin festif pour l’émergence et la jeune création
Programmé par les membres du Jeune Théâtre en [...]
Seul sur scène, Samy Frey lit Un Vivant qui passe, transcription de l’entretien qu’eut Claude Lanzmann avec Maurice Rossel au sujet de la visite du camp de Theresienstadt qu’effectua le délégué à Berlin du Comité international de la Croix-Rouge en 1944. Un témoignage passionnant qui servit de matière au film du même nom tourné par le cinéaste en 1997.
Il s’agissait des Juifs du Grand Reich : médecins, avocats, hauts fonctionnaires, artistes, intellectuels, anciens combattants décorés de la Première Guerre mondiale, hommes politiques de l’Allemagne pré-hitlérienne… Intégrés depuis longtemps à la société allemande, il était plus difficile pour le régime nazi de leur faire subir immédiatement le traitement qu’il infligeait aux Juifs de Pologne, des pays baltes et d’Union soviétique. Ce sont eux qui, de novembre 1941 à avril 1945, furent envoyés au camp de concentration de Theresienstadt, « ghetto modèle » mis en scène par Adolf Eichmann, responsable de la logistique de la « solution finale », pour tenter de donner le change et masquer l’atrocité à l’œuvre dans les camps d’extermination.
Devoir de mémoire
« La vérité est que ce “ghetto modèle” était un lieu de transit, explique Claude Lanzmann, première ou dernière étape, comme on voudra, d’un voyage vers la mort qui a conduit la plupart de ceux qui y ont séjourné vers les chambres à gaz d’Auschwitz, de Sobibor, de Belzec ou de Treblinka, quelquefois après un détour par les ghettos de Pologne, de Biélorussie ou de la Baltique qui, eux, n’étaient pas « modèles. » A la tête d’une délégation du Comité International de la Croix-Rouge, Maurice Rossel inspecta le camp de Theresienstadt en juin 1944, sur invitation des autorités allemandes, sans vouloir voir ce qui se cachait derrière les fausses réalités qui lui étaient présentées. En 1979, alors qu’il était en train de tourner Shoah, Claude Lanzmann interviewa le médecin suisse. C’est cet échange que Samy Frey lit, pour trente représentations, au Théâtre de l’Atelier. Le comédien donne voix à ce témoignage essentiel. Une façon de continuer à éclairer les pages de notre passé en célébrant le devoir de mémoire.
Manuel Piolat Soleymat
A partir du 14 septembre 2021.
Du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 11h. Tél. : 01 46 06 49 24. www.theatre-atelier.com
Programmé par les membres du Jeune Théâtre en [...]