Monsieur Fraize
Après plus de mille représentations dans de [...]
Gérard Gelas crée Un cadeau hors du temps, de l’auteur italien Luciano Nattino. Un thriller théâtral interprété par Claire Borotra et Jacques Frantz.
Pouvez-vous éclairer les circonstances très particulières dans lesquelles Luciano Nattino a été amené à écrire Un Cadeau hors du temps ?
Gérard Gelas : Ce que je dois dire, avant tout, c’est que je suis très lié à Luciano Nattino. Il s’agit vraiment d’un ami proche. On lui a diagnostiqué, il y a quelque temps, la maladie de Charcot. Il a écrit – grâce à un système d’assistance par ordinateur qui permet de communiquer avec le seul clignement des yeux – ce qui sera, hélas, probablement sa dernière pièce : Un Cadeau hors du temps. Un jour, sans lui en parler, un de ses amis m’a envoyé ce texte. Je l’ai lu et il m’a beaucoup touché. Si j’ai décidé de le mettre en scène, ce n’est ni par amitié, ni par pitié, mais pour toutes les qualités qui sont les siennes.
Qu’est-ce qui vous a le plus intéressé dans cette pièce ?
G. G. : Ce qui m’a tout de suite beaucoup plu, en dehors même de ses qualités d’écriture, c’est que cette pièce traite du retour de l’humain dans la médecine. C’est l’histoire d’un homme qui arrive chez une neurologue, qui la séquestre et lui demande de le tuer. Cet homme est atteint de la maladie de Charcot. On s’aperçoit, très vite, que la neurologue, si elle connaît évidemment cette maladie, n’en a qu’une connaissance abstraite, théorique, qu’une connaissance totalement déconnectée de l’humain. Elle semble n’avoir jamais réellement réfléchi à tout ce que cette maladie implique comme détresse, comme désespoir absolu. Peu à peu, elle s’attache à cet homme et réalise qu’il y a un être humain derrière le diagnostic, derrière la maladie. Elle va ainsi découvrir toutes les contradictions de cet homme condamné, sa violence, ses fantasmes, sa douleur…
Comment vous êtes-vous emparé de cette histoire ?
G. G. : Je conçois toujours la mise en scène comme une aventure. Je me laisse guider par les personnages qui viennent me chercher, je les suis. Mon travail revient à faire le vide, à me rendre disponible au texte. C’est presque un exercice de méditation bouddhiste, pour essayer d’être au plus près du sujet. Ensuite, je regarde les acteurs, je les écoute, je construis la représentation avec eux en veillant à laisser toute la place à ce qui surgit dans l’instant des répétitions.
Et du point de vue de la scénographie ?
G. G. : J’ai choisi de m’appuyer sur la peinture de Gérard Alary, à qui j’ai commandé trois grandes toiles circulaires. C’est la dimension vibratoire de cette peinture abstraite qui m’a donné envie de l’intégrer au spectacle. Comme toujours, en terme de décor, j’ai travaillé sur le minimalisme. Quant à la création musicale, elle est signée de Christian Vander. Elle aussi, à sa façon, contribuera à influencer cette représentation qui, malgré le sujet de la pièce, laissera une place importante à la force de vie.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Avignon Off.
à 14h45. Relâche les jeudis. Tél. : 04 90 86 74 87.
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