Trajectoires 2024 dans les Alpes-Maritimes met en avant de multiples « récits de vie », originaux et étonnants

Dans l’arrière-pays niçois, perché sur son rocher dominant la Vallée du Var, Carros est une ville carrefour. Son forum Jacques Prévert en est un des jalons, et concocte chaque année depuis 2019 le temps fort Trajectoires, qu’il co-construit avec d’autres lieux culturels de la région : le Théâtre National de Nice, le Théâtre de Grasse, la Scène 55 de Mougins, le Théâtre de la Licorne de Cannes, l’UCArts de Nice, et la Médiathèque de Mouans-Sartoux. À l’affiche, des compagnies plus ou moins identifiées qui constituent un brillant panorama de la création contemporaine, rassemblées en un thème : les récits de vie. Le programme nous emmène à travers une multitude de parcours, de l’épopée familiale (ADN/Histoires de famille de la Compagnie Hanna R, Fils de Bâtard de la Compagnie Maps) au terrain politique (Ma République et moi de l’Iwa Compagnie, Le Dîner chez les français de Valéry Giscard d’Estaing de la Compagnie animaux en paradis) en passant par bien d’autres thématiques. Dans Sélectionné, Marc Élya et Steve Suissa font récit du destin bouleversant d’Alfred Nakache, « nageur d’Auschwitz », héros méconnu incarné par Amir Haddad tandis que Bénédicte Allard célèbre l’artiste dans Frida Kahlo, ma réalité, seule en scène qui rend hommage à l’énergie vitale de la peintre dans un autoportrait empreint de créativité.

Quand la créativité d’aujourd’hui s’empare de récits de vie

Deux pièces que nous avons vues et beaucoup aimées sont programmées : Quand je serai grande je serai Patrick Swayze de Chloé Oliveres et Insuline et Magnolia de Stanislas Roquette. On parle également de condition féminine avec Les Filles ne sont pas des poupées de chiffon de la Cie Rousse, qui met en scène une petite fille née dans un pays où les familles sans fils sont bannies de la société et qui sera donc élevée « comme un garçon », et avec le triptyque d’Eva Rami Vole ! / T’es toi ! / Va aimer ! dans lesquels l’actrice incarne plusieurs femmes et leurs choix de vie. Du théâtre musical ensuite avec Célestez-moi, seul en scène de Stéphane Di Tordo dans lequel il s’adresse aux « enfants des nineties » devenus grands. Enfin, petit tour d’horizon du « parler français » avec le Studio 21 et Parler Pointu, épopée pleine d’humour sur les accents de nos régions. À noter enfin  une rencontre avec l’autrice Michèle Pedinielli, et un concert de Varnish La Piscine. Une grande diversité artistique et humaine, pour toutes et tous.

Louise Chevillard