« Terrasses », un récit choral profond et bouleversant de Laurent Gaudé sur le 13 novembre 2015, mis en scène par Denis Marleau
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À la croisée des écritures de Georges Feydeau et Lars Norén, la metteuse en scène Emilie Anna Maillet réinvente Mais n’te promène donc pas toute nue ! en questionnant les rapports de domination qu’exercent les hommes sur les femmes et, plus spécialement, les maris sur leurs épouses. Une réussite qui déploie toute l’intelligence de la comédie.
Voici une création qui ne se laisse aller à aucune longueur. Aucune forme de retenue ou d’atermoiement. Une création menée tambour battant qui, néanmoins, creuse Mais n’te promène donc pas toute nue ! de Georges Feydeau par le biais de nombreuses récurrences et répétitions. Dans cette comédie mise en scène par la talentueuse Emilie Anna Maillet, Madame Ventroux, épouse d’un député qui pourrait bien sous peu devenir ministre de la Marine (et peut-être même un jour, qui sait, président de la République…), ne cesse de se voir reprocher par son mari ses tenues trop légères. Car Romain de Jaival, un journaliste du Figaro souhaitant interviewer l’homme politique, est présent chez le couple. Ainsi que le maire de Moussillon-les-Indrets, Monsieur Hochepaix, adversaire politique venu faire amende honorable et solliciter l’aide du maître des lieux pour sa ville. Voici pour le cadre narratif tiré de l’œuvre de Georges Feydeau que viennent enrichir, çà et là, des extraits de pièces de l’auteur suédois Lars Norén (issus de La Veillée, Détails, Démons et Munich-Athènes).
Quand une femme revendique le droit de vivre sa propre vie
Au centre du plateau, une batterie dont joue François Merville (le percussionniste interprète également le rôle de Victor, domestique des Ventroux) participe à donner à cette représentation syncopée une stature de partition rythmique. Adepte d’un théâtre au sein duquel viennent s’agréger différentes disciplines artistiques, Emilie Anna Maillet use également ici de la vidéo en direct. Elle dirige, dans cette suite volcanique de controverses qui voit une femme se rebeller contre son époux afin que celui-ci cesse de l’objetiser pour servir sa carrière politique, cinq formidables interprètes. Sébastien Lalanne, Denis Lejeune, Marion Suzanne et Arthur Chrisp se joignent à François Melville dans l’élégante scénographie de Benjamin Gabrié. Tous font preuve d’une enthousiasmante énergie de jeu. Des hors champs de l’intime aux espaces ouverts de la sociabilité bourgeoise, Clarisse Ventroux brandit ses dénudements comme de véritables actes de résistance. Femen de la Troisième République, elle porte en elle la liberté et l’exigence d’une comédie qui dénonce avec brio les déséquilibres des relations hommes/femmes.
Manuel Piolat Soleymat
du mardi au samedi 20h30, dimanche 16h30. Tél : 01 43 28 36 36. Durée : 1h15. Spectacle vu le 16 janvier 2020 à la Comédie de Saint-Etienne.
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