« A.D.A. : L’Argent des autres » de Daniel Benoin, une intrigue à rebondissements qui dénonce efficacement la prédation du capitalisme financier
Après l’avoir mise en scène au théâtre puis [...]
Fruit d’une commande passée à l’autrice Claudine Galea, Trois fois Ulysse éclaire trois des figures féminines prenant part à l’existence du héros grec : Hécube, Calypso et Pénélope. La metteuse en scène Laëtitia Guédon crée un oratorio théâtral d’une grande beauté : entre jeu, chants et arts visuels.
Elles viennent de loin, d’un hier mythologique dont les ombres, les résonnances, les fulgurances percent et impressionnent notre présent. Elles nous adressent des récits intemporels, universels, qui touchent nos imaginaires, des histoires d’amour, de bataille, de souffrance, de violence, de rupture, de temps qui passe… Hécube, reine de Troie donnée à Ulysse après le sac de sa cité, se lance en premier. La veuve de Priam a vu les siens massacrés par les grecs. Elle place le combattant face à ses actes de guerre, avant qu’il ne prenne la mer pour sa longue odyssée. Calypso, la nymphe qui recueille le roi d’Ithaque après un naufrage, poursuit. Elle le retient auprès d’elle, dans sa grotte, durant sept années. Puis, à son grand désespoir, elle le voit s’arracher à son amour pour retrouver le chemin de son île. Pénélope, l’épouse fidèle et délaissée, ferme la marche. Elle voit Ulysse revenir à Ithaque après vingt ans d’absence, lui dit ce qu’aimer veut dire, éclaire la puissance des sentiments et la force de l’instant. Toutes trois parlent, tonnent, s’enflamment, font vibrer la partition du juste et de l’injuste. Ce sont elles, les héroïnes de ce triptyque théâtral. Ulysse, lui, tombe de son piédestal. Il n’existe plus que par le prisme de leur conscience et la grâce de leur volonté.
Un lyrisme du fond de l’âme
Densité poétique du texte et de la mise en scène ; beauté des corps, des images, des tableaux. D’un lyrisme revendiqué, Trois fois Ulysse est l’occasion d’une expérience singulière. La scénographie de Charles Chauvet, les lumières de Léa Maris, les vidéos de Benoît Lahoz, les costumes de Charlotte Coffinet, les chants du chœur Unikanti tendent vers un unique point de fuite. Le grand art de Laëtitia Guédon est de parvenir à équilibrer toutes ces énergies, à les faire se rejoindre dans un même accomplissement. Aucun de ces talents ne cherche à briller de façon solitaire. Les comédiennes et comédiens (Clotilde de Bayser, Baptiste Chabauty, Éric Génovèse, Marie Oppert, Séphora Pondi, Sefa Yeboah) participent, eux aussi, à la vigueur tranchante de ces trois face-à-face. A la fois charnelle et minérale, la gravité de leur présence confère un souffle souverain aux cavalcades de mots imaginées par Claudine Galea. Des cris nous bousculent, nous transpercent. Des silences nous apostrophent. Les horreurs du contemporain se rappellent à nos esprits. Une forme de communion relie, peu à peu, interprètes et publics. Brouillant la frontière entre salle et plateau, Trois fois Ulysse tend les bras aux spectatrices et spectateurs. Heureux qui, comme elles, comme eux, a fait ce beau voyage.
Manuel Piolat Soleymat
Du mercredi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h, le mardi à 19h. Tél. : 01 44 58 15 15. Durée : 1h40.
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Sous la direction d’Éric Métayer, Andréa [...]
C’est un choc. Profond. Bouleversant. Un [...]