Le Festival Vagamondes invite au voyage curieux
Du 17 au 31 mars 2023, le Festival Vagamondes [...]
Le metteur en scène Thierry Jolivet, artiste associé aux Célestins – Théâtre de Lyon, élabore un récit choral ambitieux, touchant à l’intime, sur le thème de la disparition. La création originale, qui articule théâtre et cinéma, peine à convaincre jusqu’au bout mais n’en démontre pas moins de réelles et attachantes qualités tragico-burlesques.
La mort, et la manière dont « cet événement des événements », à la fois absolument prévisible et totalement inattendu, fait irruption dans nos existences est le sujet d’inspiration de ce premier spectacle, écrit par le metteur en scène lui-même sur le fond d’improvisations au plateau. Mu par la volonté d’explorer la forme chorale, Thierry Jolivet entrelace le destin de douze de nos contemporains, femmes et hommes aux destinées multiples qui ont en partage d’être confronté à l’imminence ou à la réalité de la disparition. Tous doivent affronter là où ils sont, et en différentes occasions, de façon douce, tragique, banale ou extraordinaire, la fin de leur propre existence ou celle d’un être qui leur est cher. Le plateau réunit et enchevêtre les destins de Vincent (Julien Kosellek), cadre supérieur sans scrupules, Héloïse (Marion Couzinié), médecin urgentiste, Fânch, (François Jaulin), épicier, Anthony (Paul Schirck), thérapeute, Zoé (Laure Barida), actrice totalement dévouée à l’exercice de son métier, Pierre (superbement incarné par Laurent Ziserman), architecte passionné, Camille (Quentin Gibelin), chef cuisinier tyrannique d’un restaurant étoilé, A. (Fanny Berthold), adolescente tourmentée, Jackson (Steven Fafournoux), petit escroc aussi magouillard que poissard, Eszter (Lilla Sarosdi), atteinte d’un cancer, Nadir (Florian Bardet), chauffeur de taxi, nihiliste dans l’âme.
Un heureux mélange des registres et des genres
Le croisement de ces trajectoires de vie saisies au carrefour de l’existence de chacun des protagonistes est une riche idée dramatique dont la puissance ne parvient pourtant pas à pleinement s’actualiser. Une forme d’emphase du propos faite d’une multitude de détails, de micro-histoires relatives à chacune des destinées auxquelles le metteur en scène nous attache, noie, trop souvent, l’intention primordiale – la prise de conscience de notre fragilité – dans le picrocholin. De cet excès est surtout victime la seconde partie du spectacle ; en s’étirant en longueur, celle-ci se perd dans les méandres de fragments de vie, de situations, dont on peine à saisir le caractère indispensable. Dans l’excès tombe aussi parfois le jeu d’acteurs surinvestis, inutilement poussés dans leurs retranchements. La création est appelée à évoluer dans le sens d’un opportun élagage, pour rencontrer pleinement l’intérêt de la belle intention qui l’a vu naître. Quant au dispositif scénique, fait de modules dont chacun esquisse le petit monde dans lequel chaque personnage évolue, il souffre de nécessiter de nombreuses manipulations et de manquer de fluidité. Restent les points forts d’un spectacle dont l’ambition assumée est « d’inviter la vie avec tout ce qu’elle a de bizarre, de chaotique, d’étonnant ». De cette ambition témoigne avec éclat la réussite, sur le plan dramatique, du mélange des registres, du tragique au burlesque. Un autre point fort, et non des moindres, tient à la manière inspirée dont le metteur en scène fait dialoguer constamment, in vivo, théâtre et cinéma.
Marie-Emmanuelle Dulous de Méritens
Du mardi au samedi à 20h. Durée : 3 h 40 (avec 20 mn d’entracte). Tél : 04 72 77 40 00.
https://www.theatredescelestins.com
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