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Après La Mégère apprivoisée (2020) de Shakespeare et Un visiteur inattendu (2022) d’Agatha Christie, Frédérique Lazarini choisit d’aborder un conte, réinventé par la plume aiguisée d’Amélie Nothomb et le jeu jubilatoire de la scène. Une belle matière pour la fantaisie pétillante de la metteure en scène. Avec Pierre Forest, Lola Zidi, Cédric Colas et Helen Ley.
Qu’est-ce qui vous a intéressée dans la réinvention de Barbe Bleue imaginée par Amélie Nothomb ?
Frédérique Lazarini : Amélie Nothomb inscrit la figure de Barbe-Bleue dans une fiction contemporaine : on est à Paris, dans l’hôtel particulier de Don Elemirio, un noble espagnol, solitaire, nostalgique, amateur de photographie argentique. Par le biais d’une annonce, il propose à la location une chambre pour laquelle la jeune Saturnine vient présenter sa candidature. Elle apprend que si huit femmes ont déjà obtenu cette colocation, elles ont aussi disparu. Toute la modernité de cette version d’Amélie Nothomb réside dans la posture de l’héroïne, audacieuse, vive d’esprit, qui va peu à peu, engageant un duel sans merci, prendre le dessus et mettre en déroute le monstre mélancolique, tordant le cou à la version de Perrault et à la figure archaïque de l’homme tout puissant.
Comment voyez-vous la relation qui se joue entre Don Elemirio et Saturnine Puissant ?
F.L.: Elle est une héroïne qui mérite bien son nom : malgré la réputation de son logeur, elle reste pleine d’aplomb, faisant preuve d’un esprit merveilleusement ciselé et libre, exprimant une vision féministe, une ouverture au monde. Femme moderne, érudite, courageuse et un brin irrévérencieuse, elle est, dans sa lutte, rattrapée par le conte. Car il lui manque la maîtrise de l’onirisme, de l’inconscient, et elle s’expose à cette emprise-là. Quelle que soit la modernité de notre vision du monde, on est parfois désarmé par le symbolisme et l’invisible.
Ce qui m’intéresse, c’est d’explorer dans leur relation comment l’univers de Nothomb et celui de la fable s’enchâssent et se tissent. De donner à voir un ogre et une presque petite fille, un prédateur et une victime pugnace, ou un mentor et sa disciple soumise. Entre les deux joue la séduction, essentielle. On passe de scènes d’amour à des scènes de duel, de domination, d’un couple inscrit dans la vie moderne à un couple ancestral, ancré dans l’inconscient collectif.
Que voulez-vous particulièrement mettre en valeur dans votre adaptation théâtrale ?
F.L.: La force du texte, bien sûr, l’inquiétante étrangeté du récit d’origine. Ce qui m’intéresse, c’est d’adapter un roman à la scène et celui-ci portait en lui le conte. Cet espace de jeu entre les deux, comment la théâtralité vient-elle l’investir ? J’ai choisi d’explorer une forme de distance, en faisant constamment des citations du roman, en faisant prendre en charge le récit par chacun des personnages qui parfois sortent des situations ou se figent, rompant le dialogue, laissant affleurer le mystère et l’humour alors même que l’érotisme et la violence les animent. Ils ne sont que des personnages de roman. L’espace dédié au jeu est immense, afin que les spectateurs puissent ressentir la magie, le vertige…
Propos recueillis par Agnès Santi
mardi, vendredi, samedi 20h30 ; mercredi, jeudi 19h ; samedi 17h ; dimanche 15h ; relâche lundi. Tél. 01 43 56 38 32.
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