Ivanov
Luc Bondy met en scène Ivanov. Dans le [...]
Le compositeur et metteur en scène Mathieu Bauer se met à l’écoute de ces mélodies intimes qui hantent le secret de nos âmes.
Elles se glissent doucement dans un pli de l’oreille et résonnent en notre for intérieur, marquent la cadence de l’instant, sautillent d’une personne à une autre et puis s’entêtent dans nos têtes. Elles surgissent parfois aussi soudain, nous surprennent ici ou ailleurs, finissent par cogner leurs obsédants refrains. Vous vous souvenez ? La dolce vita dei nobili de Nino Rota, Johnny et Mary de Robert Palmer, Wuthering Heights de Kate Bush, Paroles, Paroles de Dalida… Quelques notes, une chanson et voilà l’effluve d’un premier amour, la sensation tenace d’une époque… un souvenir qui nous envahit. Compositeur et metteur en scène, explorateur curieux toujours attentif au monde alentour, Mathieu Bauer fouille au creux de nos oreilles pour écouter ce qui s’y cache. C’est sur cette « notion mineure » qu’il s’attarde « en mode majeur pour bâtir un spectacle au nom hanté,The haunting melody », nous dit-il. Et pour cela, il puise notamment dans les écrits du musicologue et philosophe Peter Szendy, qui analyse le phénomène de la mélodie obsédante et mène une archéologie de nos écoutes.
Entendre le monde alentour
Pour évoquer ce passionnant sujet, Mathieu Bauer plante le décor dans un studio de postproduction. S’y trouvent un ingénieur du son chercheur de bruits, un comédien amateur de tubes, une cantatrice en quête de liberté, une actrice en mal d’on ne sait quoi, un compositeur et un réalisateur qui tentent de superviser le travail. Au programme de la journée : la création de la partition sonore d’un film d’horreur, avec musique originale, bruitages et doublage des voix. Et les heures passent, de digressions en divagations. Chacun livre ses anecdotes, dévoile son rapport intime au son et à la musique, entre frénésie et mélancolie. S’esquisse ainsi, par fragments épars, une méditation sur nos diverses manières d’entendre. La trame dramaturgique et le dessin des personnages restent malheureusement (encore ?) trop flous pour que le récit prenne. Le propos s’étire au contraire et ne parvient pas à s’incarner. Il se perd peu à peu dans un enchevêtrement de vaines séquences. Et nous plonge dans la perplexité.
Gwénola David
20h30, sauf mardi et jeudi à 19h30, relâche dimanche 25, mercredi 28 janvier et dimanche 1er, dimanche 08 février. Tél. : 01 48 70 48 90. Durée : 1h50