J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne
Présentée une première fois lors du Festival [...]
Christian Benedetti reprend ses mises en scène de La Mouette, Oncle Vania et Trois Sœurs, portées par une équipe d’époustouflants comédiens. Des créations épurées et denses, qui interrogent l’être humain au monde. A ne pas manquer !
« Chez Tchekhov, comme chez Bond, il n’y a pas de réponses toutes faites. Il faut donc essayer de se débarrasser du superflu, pour faire confiance à l’essentiel : la pensée et l’être humain qui la porte. » C’est ce que nous a confié Christian Benedetti en novembre 2013 (La Terrasse n°214), à l’occasion de la mise en scène des Trois Sœurs, qui a suivi celle d’Oncle Vania (mars 2012) et de La Mouette (février 2011)*. Dans une grande économie de moyens mais avec une vivacité et une acuité de jeu qui rendent les partitions tchékhoviennes profondément vivantes, Christian Benedetti concentre, épure et structure, et il installe une écoute pointue de cette langue merveilleuse. Ce n’est pas une illustration. Pas une incarnation. Pas une reconstitution non plus. Plutôt une mise en tension. Une activation du sens qui se situe au cœur de chacun, non pas dans la réflexion mais plutôt dans le ressenti, dans la conscience aiguë de ce qu’est la vie qui passe et s’achève un jour. Entre les désirs et les empêchements, entre le passé qu’on reconnaît et le futur qu’on imagine, le temps fait son œuvre et les choses se perdent. Le temps se brise parfois. C’est à la fois très précis et totalement universel. A chaque pièce sa singularité, interrogeant, l’art, l’amour, la solitude, la fin d’une époque, le mariage, la famille, le travail, l’ennui….
Partitions polyphoniques
En écho à Tchekhov qui réinvente les règles dramaturgiques et la figure du spectateur, en écho à Treplev dans La Mouette qui réclame des « formes nouvelles », Christian Benedetti change la façon de faire et la façon de regarder. Il débarrasse sa mise en scène de toute psychologie et de tout effet superflu. Les mêmes principes scénographiques caractérisent les trois pièces. Tout ce qui n’est pas absolument nécessaire est banni, le plateau demeure épuré et allusif comme un espace de répétition. Des changements à vue, et quasiment la même équipe de comédiens qui interprète sans faillir ces partitions polyphoniques complexes. Même débit accéléré aussi, avec parfois des arrêts sur image qui habitent intensément le silence suspendu. C’est peut-être notre liberté que ces pièces interrogent en premier lieu. Tchekhov est bien notre contemporain…
Agnès Santi
à 20h30, lundi, mercredi et vendredi La Mouette, mardi et jeudi Oncle Vania, samedi 15h La Mouette, 17h30 Oncle Vania, 19h30 Trois Sœurs. Tél 01 43 76 86 56.
Présentée une première fois lors du Festival [...]