Martyr
Deuxième volet d’une trilogie de spectacles [...]
Adepte des titres foutraques et des collisions culturelles, Marielle Pinsard présente son nouveau spectacle au TARMAC : ni breton, ni landais, plutôt helvéto-décapant et africano-étonnant, et, à coup sûr, sidérant et scotchant…
« Entre comédiens africains et suisses, ça s’est fait naturellement. »
Quel est le thème du spectacle ?
Marielle Pinsard : L’ensemble du spectacle interroge le thème de l’homme et la bête, à travers leurs comportements respectifs et la transformation de l’un en l’autre. Le propre de l’homme, c’est de pouvoir se transformer. Pas seulement comme le saumon, capable d’anamorphose quand il remonte la rivière depuis l’océan, mais du tout au tout. Ainsi, sur scène, on verra un acteur devenir chèvre, une fille faire vraiment le singe : c’est formidable ! A ce moment-là, il se passe un truc sur le plateau qu’on n’a jamais vu ailleurs ! C’est quoi la bête ? La réponse varie selon chacun, et il est intéressant d’entendre les réponses des autres. Les Africains répondent que c’est l’évangélisation : la bête c’est le prédicateur. Politiquement ou poétiquement, personne n’envisage les choses de la même manière. J’ai donc laissé les comédiens me dire ce qu’est la bête ou ce que peut être une situation où on n’est pas humain. Quatorze tableaux et autant de moments différents se succèdent pour répondre à cette question.
Pourquoi être passée par l’Afrique pour y répondre ?
M. P. : J’avais commencé un travail autour de l’homme et la bête quand, en 2009, j’ai gagné la bourse de la Fondation Leenaards pour un projet de recherche et hors de toute logique de production. Je l’ai mené en Afrique en 2010 et 2011, visitant le Mozambique, l’Afrique du Sud, le Burkina Faso, le Bénin, la Côte d’Ivoire. Je suis allée me confronter au monde. Je n’ai peut-être pas trouvé de réponse satisfaisante aux questions que je me posais, mais mon rapport aux choses, aux gens et aux objets a changé. C’est là qu’on en revient au titre de ce spectacle…
Quel est le sens de ce titre ?
M. P. : En quoi faisons-nous compagnie, non pas avec les menhirs dans les landes, puisque j’ai appris qu’il n’y avait pas de menhir dans les landes, mais en quoi faisons-nous compagnie avec les choses qui nous entourent ? En quoi, dès qu’on rencontre quelque chose d’autre, notre relation change-t-elle ? Quand nous rencontrons quelqu’un de différent, évidemment, mais pas seulement… Quand on va en Afrique, l’objet est une personne. On rencontre des gens qui vénèrent des objets. Le titre est parti de là. Ce qui m’intéresse, c’est comment les gens s’empoignent, se rencontrent pour faire des choses ensemble. Entre comédiens africains et suisses, ça s’est fait naturellement, non pas dans l’obligation d’une production un peu world, mais dans la rencontre des énergies.
Propos recueillis par Catherine Robert
Mardi, mercredi et vendredi à 20h ; jeudi à 14h30 et 20h ; samedi à 16h.
Deuxième volet d’une trilogie de spectacles [...]