La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

TARTUFFE – Théorème, de Molière, mise en scène Macha Makeïeff

TARTUFFE – Théorème,  de Molière, mise en scène Macha Makeïeff - Critique sortie Théâtre Marseille La Criée - Théâtre National de Marseille
La metteuse en scène Macha Makeïeff. Crédit : Olivier Metzger

La Criée – Théâtre national de Marseille / texte Molière / mise en scène Macha Makeïeff

Publié le 27 octobre 2021 - N° 293

Après Trissotin ou Les Femmes Savantes en 2015, la directrice du Théâtre national de Marseille revient aujourd’hui à Molière avec Le Tartuffe, qu’elle transpose dans les années 1950. Une réflexion sur l’imposture, l’emprise, le consentement…

Après Trissotin ou Les Femmes Savantes en 2015, la directrice du Théâtre national de Marseille revient aujourd’hui à Molière avec Le Tartuffe, qu’elle transpose dans les années 1950. Une réflexion sur l’imposture, l’emprise, le consentement…

Vous avez intitulé votre spectacle TARTUFFE – Théorème. Quelle relation établissez-vous entre l’œuvre de Molière et celle de Pier Paolo Pasolini ?

Macha Makeïeff : C’est avant tout un hommage que je voulais rendre à ce poète qui m’accompagne et m’éclaire depuis la fin de mon adolescence. Pasolini a toujours été très présent dans ma vie. Lorsque j’ai commencé à travailler sur Tartuffe, j’avais Théorème à l’esprit. Le livre et le film de Pasolini ont orienté ma lecture. Évidemment, ces deux textes ne sont pas des œuvres homothétiques. Mais avoir au préalable fréquenté Théorème m’a rassurée, m’a inspirée, m’a mise je crois au bon endroit pour entamer mon travail sur la pièce de Molière.

Rapprocher ces deux œuvres, est-ce aussi pour vous une façon d’envisager le personnage de Tartuffe comme un révélateur ?

M.M : Exactement. Tartuffe est un personnage assez mystérieux, à tel point que son mystère est peut-être même un malheur. J’ai très envie de parler du malheur de Tartuffe, ce qui est une façon de se demander s’il existe vraiment, s’il n’est pas finalement qu’un fantasme qui s’effacerait à la fin de la pièce, laissant planer un doute sur la réalité de sa présence au sein de la maison. Dans Théorème, le personnage du visiteur est un envoyé qui révèle à chacun sa part d’ambivalence, de noirceur. Il déstructure puis restructure la famille dans laquelle il séjourne. Tartuffe fait la même chose. Et il pose également la question du consentement. Car Orgon (ndlr, le maître de la maison) est une victime très consentante. Il y a une forme de jouissance dans son acceptation à se sentir ainsi sous l’emprise de Tartuffe. Il y a une part d’amour dans ce don de soi, de ses biens…

« Dans Tartuffe, tout doit pouvoir suggérer un monde un peu dangereux, un peu obscur, un peu fantomatique. »

Pourquoi avoir transposé cette pièce dans les années 1950 ?

MM : On connaît cette époque par les livres, les magazines, le cinéma… C’est, je crois, une juste distance. Une distance qui favorise une bonne observation des personnages, qui nous permet de nous projeter sans avoir à faire de grand écart ou, au contraire, à souffrir d’une trop grande proximité. Le décor, lui, revendique absolument l’artifice du théâtre. C’est bien le moins lorsqu’on met en scène une pièce dans laquelle tout est faux ! Pour l’esthétique, je me suis beaucoup inspirée de l’univers de Jean Royère. C’est encore un peu les années 1940 dans les années 1950. Il y a, chez lui, un mélange d’élégance et une recherche de couleurs qui, sans être vives, sont tout de même extrêmement marquées. Je voulais avoir un décor qui, une fois éclairé par Jean Bellorini, puisse devenir étrange, presque hitchcockien d’une certaine façon. Dans Tartuffe, tout doit pouvoir suggérer un monde un peu dangereux, un peu obscur, un peu fantomatique.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

TARTUFFE - Théorème
du mercredi 3 novembre 2021 au vendredi 26 novembre 2021
La Criée - Théâtre National de Marseille
30 quai de Rive Neuve, 13007 Marseille.

Les mardis, jeudis, vendredis et samedis à 20h, les mercredis à 19h, les dimanches à 16h. Relâche les lundis et le jeudi 11 novembre. Tél. 04 91 54 70 54. www.theatre-lacriee.com

 

Également du 1er au 19 décembre 2021 aux Bouffes du Nord à Paris, du 12 au 15 janvier 2022 au Théâtre national de Nice, du 22 au 26 février au Quai - Centre dramatique national d’Angers, du 3 au 19 mars au Théâtre national populaire de Villeurbanne, du 24 au 26 mars au Théâtre Liberté à Toulon, du 30 mars au 8 avril au Théâtre national de Bretagne à Rennes, du 13 au 15 avril à la Scène nationale de Bayonne, les 20 et 21 avril à la MAC de Créteil, les 27 et 28 avril à la Maison de la culture d’Amiens, du 11 au 13 mai à la Comédie de Caen.

 

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