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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Quartett de Heiner Müller, mise en scène de Patrick Schmitt

Quartett de Heiner Müller, mise en scène de Patrick Schmitt - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l'Epée de bois
© Pilar du Breuil Patrick Schmitt

Texte de Heiner Müller / Mise en scène de Patrick Schmitt

Publié le 27 octobre 2021 - N° 293

En s’emparant de Quartett de Heiner Müller, Patrick Schmitt puise dans cette œuvre inspirée des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos une liberté qui s’exprime au plateau autant par le corps que par les mots.

Avant Quartett, vous avez abordé aussi bien des textes classiques que contemporains : Molière, Bossuet, Harold Pinter, Thomas Bernard, Martin Crimp, Sade, Federico Garcia Lorca… Par laquelle de ces explorations en êtes-vous arrivé à cette pièce écrite en 1981 par Heiner Müller ?

Patrick Schmitt : J’ai réalisé un long parcours avec Sade, et d’une manière plus générale auprès des courants libertins des XVIIème et XVIIIème siècles. La manière dont, d’un siècle à l’autre, on glisse d’un libertinage de pensée à un libertinage de mœurs m’intéresse beaucoup et depuis longtemps. C’est ainsi que, il y a de nombreuses années, j’ai découvert Quartett d’Heiner Müller, adaptation du célèbre roman épistolaire de Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses. J’étais alors trop jeune pour penser le monter. En relisant la pièce récemment, cela m’est apparu comme une évidence.

Que vous apportent ces retours réguliers aux courants libertins ? Et en quoi l’approche qu’en a Heiner Müller dans sa pièce vous intéresse-t-elle ?

P.S. : Ce qui m’attire particulièrement dans les œuvres libertines, c’est leur façon de repousser tous les possibles. Les porter au théâtre impose de travailler sur des personnages à la limite du hors-jeu, ce que je trouve passionnant. La marquise de Merteuil et le vicomte de Valmont, tels qu’ils apparaissent chez Heiner Müller, sont de cette trempe.

« Ce qui m’attire particulièrement dans les œuvres libertines, c’est leur façon de repousser tous les possibles »

La guerre des sexes que met en scène Heiner Müller vous semble-t-elle faire écho à l’époque contemporaine et à ses luttes ?

P.S. : Ce n’est pas pour cette raison que j’ai eu envie de monter Quartett. Le théâtre, pour moi, ne doit pas être bien-pensant. Il n’est pas là pour donner bonne conscience, ni à ceux qui le font ni à son public. Je suis même plutôt partisan d’une forme d’anti-morale. J’aimerais qu’en sortant du spectacle, chaque spectateur ait un avis différent sur la relation Merteuil/Valmont.

Vous incarnez le vicomte de Valmont, auprès de la comédienne Emmanuelle Meyssignac, votre complice de longue date. Quel type de jeu comptez-vous adopter pour camper vos deux protagonistes ?

P.S. : Comme à mon habitude, j’ai fait en sorte de créer entre nous et nos personnages une petite distance. Ce qui est d’autant plus intéressant pour aborder cette pièce que Heiner Müller nous fait imaginer que les deux libertins oisifs et maléfiques de la seconde moitié du XVIIIème siècle qui s’affrontent dans sa pièce sont peut-être des personnages endossés par des acteurs. Pour exprimer ce trouble, le corps doit se joindre à la parole.

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Quartett de Heiner Müller, mise en scène de Patrick Schmitt
du jeudi 18 novembre 2021 au dimanche 28 novembre 2021
Théâtre de l'Epée de bois
Cartoucherie, Route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris

du jeudi au samedi à 19h, dimanche à 14h30. Tel : 01 48 08 39 74.

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