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Partie de Tamara Al Saadi sur le thème pourtant archi connu de la guerre de 14 réinvente à la fois une manière de saisir le passé et un art de faire du théâtre. Un spectacle délicat et détonnant.
Que n’a-t-on dit, vu, lu sur la « Grande Guerre » ? Films, romans, bandes dessinées… : les horreurs des tranchées et autres folies furieuses de ce premier conflit mondial ont été tellement relatées qu’on se demandait quelle mouche avait piqué Tamara Al Saadi pour s’y attaquer à nouveau. De plus, dans une forme a priori pas très nouvelle non plus, celle de lettres qu’un jeune soldat parti au front adresse à sa mère. Et pourtant. L’autrice et metteuse en scène invente avec Partie une manière inédite de parler de cette guerre au théâtre (et de bien d’autres choses encore). Sur scène, une actrice, Justine Bachelet, une bruitiste, Eleonore Mallo, et deux accessoiristes, Jennifer Montesantos et Tamara Al Saadi elle-même. Qui commence par s’adresser aux spectateurs pour leur expliquer l’utilisation à faire des petits livrets rigides de différentes couleurs qui leur ont été distribués à l’entrée. Le spectacle sera en partie interactif, parce que ce spectacle se tisse de sons, d’atmosphères, d’oiseaux qui chantent et de rues qui bruissent, mais de déclarations martiales aussi et de l’assourdissement des canons.
La sensibilité du fragile, le partage du commun
Au milieu de cette constellation sonore, un crieur : Louis, tout jeune, rêveur, pas belliqueux pour un sou, très attaché au chant des piafs et à sa maman. Ce n’est pas un guerrier, ni un pacifiste, mais un être simple, dans le monde, une figure en suspension de ce peuple qu’on présente souvent comme terre à terre. Spectacle de filles, Partie fait naturellement le choix d’une comédienne pour l’interpréter. Un geste jamais souligné qui imprègne cependant la représentation. À l’arrière, comme du papier musique d’un orgue de barbarie, une grande feuille blanche où se déroulent les moments et les lieux de la partition. On connaît la musique. Insouciance, enrôlement, horreurs du front et commandement inflexible. Mais on ne connaît pas ce ton inédit que met en place Al Saadi. Les atmosphères se créent en direct, d’un rien, d’une brosse à dent qu’on frotte ou de spectateurs qui chuchotent ou s’exclament. Un casque, un tas de terre. Et ces fictives lettres lues que Louis écrit à sa mère. Cette dernière partie du livret que la metteuse en scène demande à ne pas ouvrir avant la fin, qu’on ne peut alors pas lire parce que la voix s’étrangle de sanglots. Pas didactique et pourtant tellement instructif, traversant des choses que l’on sait, mais donnant à les ressentir autrement et à faire du théâtre une expérience de partage du commun. C’est avec cette sensibilité du fragile que Partie crée une forme si touchante, intelligente et inédite.
Eric Demey
à 14h30 et 19h le jeudi, à 18h le samedi. Tel : 01 56 08 3 88. Spectacle vu au 104. Durée : 1h.
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